Brèves symphoniques #5 – Romans Fantastique

Je l’ai déjà dit, en décembre, j’aime regarder des films d’horreur. Mais je ne fais pas que ça, je lis aussi des romans Fantastique !

On va parler de trois d’entre eux : Au bal des absents (Catherine Dufour), Nous allons tous très bien (Daryl Gregory) et Ogresse (Aylin Manço).

Au bal des absents

Autrice ; Catherine Dufour, française

Fantastique, one-shot

1ère publication : 2020, Editions du Seuil

Couverture : Jan Hakan Dahlstrom / Getty Images

« Claude a quarante ans, et elle les fait. Sa vie est un désert à tous points de vue, amoureux et professionnel ; au RSA, elle va être expulsée de son appartement. Aussi quand un mystérieux juriste américain la contacte sur Linkedin – et sur un malentendu – pour lui demander d’enquêter sur la disparition d’une famille moyennant un bon gros chèque, Claude n’hésite pas longtemps. Tout ce qu’elle a à faire c’est de louer la villa « isolée en pleine campagne au fond d’une région dépeuplée » où les disparus avaient séjourné un an plus tôt. Et d’ouvrir grands les yeux et les oreilles. Pourquoi se priver d’un toit gratuit, même pour quelques semaines ? Mais c’est sans doute un peu vite oublier qu’un homme et cinq enfants s’y sont évaporés du jour au lendemain, et sans doute pas pour rien. »

Dans les sous catégories du Fantastique et de l’Horreur, la maison hantée n’est pas ma préférée. Mais bon, avec Catherine Dufour aux commandes, j’avais de quoi être confiante. Or, tellement habitués des « anciens » récits et films de maisons hantées, je me suis retrouvée un peu désarçonnée au début par la modernité du texte. Mais ça passe très vite, et une fois le hamster remis sur les rails, plus qu’à profiter !

Premier point fort, le style, moderne, vif et fun, pour un roman immersif que je n’ai pas pu lâcher une fois commencé.

Le second point fort de ce roman, c’est justement sa modernité, puisque qu’on est en vérité confrontés à deux monstres : la créature qui hante la maison, et la précarité. Si Claude doit affronter cette créature, c’est en premier lieu parce que sa situation sociale ne lui en donne pas le choix. Quand, en hiver, on dort dans sa voiture et qu’on mange comme on peut, sans aucun soutien… ben fantômes ou pas, une maison c’est une maison. Le monstre social est ainsi symbolisé par Colombe, conseillère Pole Emploi, qui se fiche bien de ce qui arrive aux pauvres chômeurs en fin de droits. A se demander lequel des deux est le pire…

Lire aussi les avis de : Elhyandra, L’épaule d’Orion, Melie et les livres, Celindanaé, Le Dragon Galactique

Nous allons tous très bien, merci

Auteur : Daryl Gregory, Américain

Fantastique, one-shot (novella)

1ère publication : 2014

Publication VF : 2015, Le Belial (Traduction par Laurent PHILIBERT-CAILLAT)

Couverture : Aurélien Police

« Il y a d’abord Harrison, qui, adolescent, a échappé à une telle horreur qu’on en a fait un héros de romans. Et puis Stan, sauvé des griffes d’une abomination familiale l’ayant pour partie dévoré vif. Barbara, bien sûr, qui a croisé le chemin du plus infâme des tueurs en série et semble convaincue que ce dernier a gravé sur ses os les motifs d’un secret indicible. La jeune et belle Greta, aussi, qui a fui les mystères d’une révélation eschatologique et pense conserver sur son corps scarifié la clé desdits mystères. Et puis il y a Martin, Martin qui jamais n’enlève ses énormes lunettes noires… Tous participent à un groupe de parole animé par le Dr Jan Sayer. Tous feront face à l’abomination, affronteront le monstre qui sommeille en eux… et découvriront que le monstre en question n’est pas toujours celui qu’on croit… »

Ce roman se déroule plusieurs années après Harrison Harrison, bien que publié avant, et se trouve avoir un ton complètement différent. Harrison Harrison était un genre de roman lovecraftien pour ado, mais ici, on est sur quelque chose de plus sombre, puisque le roman réunit plusieurs personnages (dont Harrison) souffrant de syndrome de stress post-traumatiques, avec les histoires plus ou moins glauques que cela suppose. Du coup attention, présence de psychophobie (y compris, voire surtout, intériorisée), et de mentions de mutilations, cannibalisme et autres choses bien peu ragoutantes. Le roman est assez trash, donc vraiment, attention. Je m’attendais à quelque chose du même niveau que Harrison, donc soft, donc ça peut surprendre.

Les personnages devront non seulement surmonter leurs traumatismes (et certains se trouvent plus ou moins liés), mais également s’unir pour faire face à une nouvelle menace. J’ai beaucoup aimé, les histoires des uns et des autres sont à la fois fascinantes et horribles, et chacun gère son traumatisme d’une façon différente et crédible. Le suspense est bien mené, on comprend petit à petit que leurs histoires sont liées ensemble et au surnaturel. La tension retombe un peu sur la fin, alors que l’intrigue devient plus classique, mais l’ensemble mérite le coup d’oeil, rien que pour le pitch de départ de ces survivants pour qui l’horreur ne s’est pas arrêtée après la disparition de leurs montres respectifs.

Lire aussi les avis de : Les lectures du Maki, Lorkhan, Blog-o-livres

Ogresse

Autrice : Aylin Manço, belge

Young Adult Fantastique, one-shot

1ère publication : 2020, Sarbacane

« Depuis que le père d’Hippolyte est parti, tout dans la vie de la jeune fille est déséquilibré. Sa mère s’enferme de longues heures à la cave et refuse de manger en sa présence. Elle lui prépare pourtant d’énormes pièces de viande qu’Hippolyte se force à avaler. Dans la rue où elles habitent, en bordure de forêt, leur voisine a disparu sans laisser de traces…Et puis un soir, la mère d’Hippolyte se jette sur elle et la mord. »

Quand j’ai pris ce livre, je ne savais pas qu’il ciblait principalement le public ado, du coup je n’étais pas le public cible, ce dont j’essaie de prendre compte dans mon appréciation. Je n’ai en effet pas réellement accroché (j’accroche rarement au YA), mais paradoxalement je l’ai trouvé intéressant.

Cette histoire n’est en effet pas tant une histoire de zombie ou de cannibalisme qu’une histoire… de problèmes d’ado. On suit Hippolyte, une jeune fille qui doit jongler avec des problèmes d’ado normale (tomber amoureuse d’un ami d’enfance qui ne la voit pas comme une fille, par exemple, ou le divorce de ses parents), mais aussi avec un problème pas tout à fait normal d’une mère dont le régime se compose soudain exclusivement de sang et de viande fraiche. Pas tout à fait normal… si on veut. Je me demande si ce n’est pas plus ou moins une métaphore d’un enfant qui se retrouve aidant d’un parent handicapé et/ou malade. Mais j’extrapole peut-être. L’adolescente doit donc réussir à évoluer, à trouver ses repères, malgré un monde et un corps qui changent et la perte de ses repères familiaux et amicaux. Le côté problèmes d’ado m’est passé complètement au-dessus parce que je n’ai pas du tout eu ce vécu-là, mais on est sur un roman bien plus intéressant et surprenant qu’une « banale » histoire d’anthropophagie.

Lire aussi les avis de : Just a word

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4 réflexions sur “Brèves symphoniques #5 – Romans Fantastique

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