Ratman’s notebooks (Willard), Stephen Gilbert (Roman VO et adaptation)

Ratman’s notebooks

Auteur : Stephen Gilbert, Irlandais

Drame/Epouvante

Première parution en 1968, jamais traduit en Français

TW : rats, morts (parfois violentes) d’animaux

De quoi ça parle ? Un homme marginal se découvre une affinité particulière avec les rats. Il voit alors en ses nouveaux amis un moyen de sustenter ses besoins et de se venger des personnes qui l’ont méprisé.

When his nagging mother discovers a rat infestation, the anonymous writer of these notebooks sets out to drown the pests, but finds himself unable to go through with it. Instead, he befriends the rats, learning to train and communicate with them. Before long he has the idea of using the rats for revenge against a world in which he has been a failure. His target is his hateful boss, Mr. Jones, who treats him with supreme disrespect and plans to fire him and replace him with someone less expensive. The narrator records his plans in chilling detail as his campaign for vengeance progresses from vandalism to robbery to the most horrific of murders . . .

Quand j’étais ado, mon père avait un vidéoclub. Et ça tombait bien, parce que les monstres et créatures me fascinaient depuis toujours, et j’avais à disposition un large panel de films d’horreur, et notamment animalière. Parmi mes préférés, Willard, que je n’avais pas revu depuis, et que je pense assez méconnu. Alors que je faisais quelques recherches pour en parler sur le blog, j’ai alors découvert qu’il était en fait tiré d’un roman, en faisant un candidat idéal pour mes chroniques spéciales d’octobre.

Le livre

Le roman est raconté à la première personne par le protagoniste et narrateur, dont on ignore le nom. D’ailleurs, la plupart des personnages n’ont pas de nom, ce qui renforce l’impression de décalage, de distance, entre les humains et le prota (qu’on appellera Willard, c’est plus simple). D’ailleurs, deux des rats (voire 3, avec la Maman Rat) possèdent un nom.

Le choix d’avoir écrit ce roman comme un journal intime est très intéressant, puisqu’on est vraiment dans l’esprit de Willard. Au début, on serait tenté d’éprouver de la compassion pour lui. Sa mère est très intrusive et directrice, son patron a non seulement récupéré l’entreprise familiale mais le méprise complètement, il n’a aucun ami, pas d’avenir… Sauf que plus on avance, plus la psyché de Willard met mal à l’aise. Il est sexiste (il appelle sa petite amie « La Fille », on a vu mieux en matière de romantisme, et il juge les femmes viles et inférieures), pathétique (il se plaint tout le temps mais ne semble jamais essayer d’améliorer sa situation). Et s’il semble dans un premier temps apprécier ses amis poilus, finalement, il les voit plutôt comme un outil pratique quoiqu’encombrant. Même la relation qu’il a avec les deux rats majeurs, Socrate et Ben, n’est pas très engageante. Il montrera ainsi à leur égard toute l’étendue de sa lâcheté, de son égoïsme et de son besoin de reconnaissance. Impossible donc de s’attacher à lui, et on ne peut qu’attendre le moment où il chutera pour de bon.

Pour rendre sa relation particulière avec les rats un peu plus crédible, sans parler de la très grande intelligence de certains d’entre eux (oui, je sais, les rats sont très intelligents de base, mais là c’est plus fort que ça), il y a deux types de rats dans ce roman. Ceux à queue écailleuse, les rats communs, quoi, et ceux qui possèdent une queue recouverte de fourrure, auxquels appartiennent Socrate et Ben, qui semblent être des rats communs ayant bénéficié d’une mutation naturelle. Les rats queue-poilue sont beaucoup moins nombreux que les queue-écailleuse, mais ils agissent un peu comme des « managers ».

Socrate et Ben sont finalement les seuls « vrais » personnages avec Willard et le patron de celui-ci, Mr Jones. Socrate est le meilleur ami de Willard, le sortant de son quotidien morne et sans espoir, et dans un premier temps, il est le leader des rats, faisant le lien entre eux et son maître. A l’inverse, Ben a une relation de rivalité avec Socrate et Willard, très intelligent, mais jaloux de l’affection et du traitement de faveur dont bénéficie Socrate, surtout que Willard se comporte avec lui de la même façon que les gens se comportent avec lui. Sauf que Ben n’a rien d’un lâche, et il défiera régulièrement son autorité.

Le livre ne fait pas très peur, et il y a finalement peu de scènes d’attaques (en même temps le livre est court). Il y a malgré tout deux scènes très violentes, une à l’encontre d’un rat, une à l’encontre d’un humain, même si dans les deux cas la violence réside plus dans le résultat, car elles se passent essentiellement hors champ, mais aussi dans l’attitude choquante de Willard. D’ailleurs, plus il acquière de pouvoir grâce aux rats, plus il se révèle tel qu’il est réellement. L’intérêt de ce livre ne réside ainsi pas tant dans cette violence, mais vraiment dans le personnage de Willard, qui veut se faire passer pour un homme qui n’a pas eu ce qu’il méritait, alors qu’en fait il ne vaut pas mieux que les autres.

L’adaptation de 1971

Willard

Film de Daniel Mann, sorti en 1971

Je n’ai pas vu cette première adaptation (qui aura d’ailleurs droit à une suite, Ben, qui n’a rien à voir avec le livre), mais elle est disponible en anglais sur Youtube, pour les personnes que ça intéresserait.

L’adaptation de 2003

Willard

Film de Glen Morgan, sorti en 2003

Trailer

Je n’ai pas trouvé ce film sur les plateformes VOD.

TW : rats, morts (parfois violentes) d’animaux (hors-champ), beaucoup de rats.

Ce film a malheureusement assez mal fonctionné à sa sortie, et est assez mal noté. Je craignais donc de m’apercevoir lors de ce revisionnage que ce film était finalement réellement mauvais et… pas du tout. Il a des défauts, mais je trouve qu’il tient encore très bien la route.

Tout comme le livre, qu’il adapte de façon fidèle, ce film n’est pas pensé pour faire peur. C’est plus un Drame qu’un film d’horreur, en fait. Il y a peu d’attaques là aussi, même si c’est un plus poussé que le livre (avec notamment une scène particulièrement horrible impliquant la mort d’un chat, qui a été ajoutée spécialement pour le film… la scène est réussie, je dois l’admettre, mais en ce qui me concerne ça fait partie des tropes que je déteste dans l’horreur animalière).

Comme le livre, donc, le film se concentre plus sur Willard, sur sa descente aux enfers, et sur sa relation avec les rats, notamment Socrate et Ben. D’ailleurs, Ben prend ici beaucoup de place, défiant encore plus l’autorité de Willard, ce qui donne des scènes assez malaisantes, même quand on apprécie les rats, avec des rongeurs grouillant absolument partout. Et entre le « jeu » du rat et la façon de le filmer, on a vraiment l’impression que c’est un personnage, et pas un simple animal. A noter que les animaux du film sont clairement de vrais rats dans pas mal de scènes. Quant à Willard, son interprète, Crispin Glover est vraiment excellent. Il arrive parfaitement à rendre son côté pathétique du début, et son évolution de plus en plus creepy à mesure qu’il se découvre ce « nouveau pouvoir ».

Les ajouts du film sont plutôt intéressants, que ce soit ce qui est lié à la mère ou la dette qui accable la famille, ce qui donne d’ailleurs un drame sociétal qui pousse encore un peu plus Willard dans les ténèbres. Par contre, sa relation avec les rats est moins réaliste que dans le livre, car s’installant de façon beaucoup plus rapide. Mais bon, c’est pas forcément un point qui m’a gênée. La fin est aussi différente, et j’aime bien l’éventuelle suite qu’elle induit. Willard est un peu plus sympathique que dans le livre, puisque son propre mépris envers les femmes a été supprimé.

Mais comme je le disais, ce film a quand même quelques défauts. A commencer par son rythme, assez lent, ou ses personnages qui manquent de développement. Dans le livre, ça s’explique par le fait qu’on est dans la tête de Willard, mais ici, ça semble en quelque sorte moins crédible. Mais bon, ça non plus ça ne m’a pas spécialement gênée.

Pour finir, le film ne fait absolument pas peur, il y a peu d’attaques et il n’y a rien de gore puisque les morts se passent essentiellement hors-champ. Attention quand même si vous y êtes sensibles, il y a beaucoup, beaucoup, de rats à l’écran dans certaines scènes.

Bilan

Le livre et le film sont assez proches dans leur ambiance et leurs thématiques, et je dois dire que je les trouve injustement sous-estimés. Cependant, cela vient peut-être de leur catégorisation. L’histoire de Willard ne fait pas peur, il n’y a pas de surnaturel et finalement assez peu de forfaits sont commis. Il s’agit en fait davantage d’un drame sociétal plutôt qu’une histoire d’horreur animalière, avec un homme mis au ban de la société qui n’a plus rien à perdre et qui a enfin le moyen de prendre sa revanche.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

Iels parlent du livre :

Iels parlent du film : La critique glauque (2003)

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2 réflexions sur “Ratman’s notebooks (Willard), Stephen Gilbert (Roman VO et adaptation)

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