Les chats des neiges ne sont plus blancs en hiver, Noémie Wiorek

Illustration : François-Xavier Pavion

Les chats des neiges ne sont plus blancs en hiver est un One-shot Dark Fantasy de l’autrice française Noémie Wiorek, publié en 2020 aux éditions de l’Homme sans Nom.

Morz est la terre la plus au Nord du monde. Des siècles plus tôt, la neige a cessé de tomber et la glace a fondu, devenue une boue informe et immonde. Il y a une ombre dans l’Est de Morz ; celle de Noir, un esprit maléfique prêt à tout pour provoquer la ruine du royaume. Sur ses talons court le Second, un guerrier prodigieux, plus cruel et féroce que tous les séides gravitant autour d’eux. Il y a un enfant sur le trône de Morz : on attend de lui la ferveur de ses ancêtres pour maintenir le royaume dans la Lumière. Mais le prince Jaroslav doute de sa place, de son pouvoir et ne souhaite qu’une seule chose : vivre en paix. Et dans le Nord, près des montagnes, ourdissent les sorcières, vengeresses, dévorées par le rêve incertain de refaire un jour tomber la neige sur leur monde déchu.

De quoi ça parle ?

Le roman suit deux camps : le camp de la Lumière et le camp des Ténèbres, un parti pris assez classique, donc. Du moins, c’est ce qu’on pourrait croire à la lecture du résumé et au début du livre, puisque les codes sont en réalité inversés.

Commençons par le camp de la « Lumière » : Morz voue un culte à Eldan, le dieu de la lumière représenté par des lions. L’or et le blanc sont donc les couleurs de la pureté par excellence, je vous laisse donc imaginer comment sont traitées les personnes à la peau noire… Par ailleurs, les femmes, ces frêles créatures manipulatrices, sont associées aux ténèbres et doivent constamment être surveillées et remises dans le droit chemin s’il faut. Jaroslav, enfant-roi, est persuadé d’être l’élu d’Eldan, celui qui devra ramené la lumière dans le royaume. Oui, ça donne envie.

Dans les Ténèbres, en revanche, on accepte aussi bien les bêtes que les hommes, et les femmes peuvent parfaitement tenir la place de Second ou de guerrière, voire les deux, et on vous accueillera à bras ouverts quelle que soit votre couleur, votre état mental ou peut importe.

Voilà pour le background, mais qu’est-ce que ça raconte ? Noir, leader des Ténèbres, veut à tout prix ramener l’Hiver, disparu 1000 ans plus tôt.

Mon avis

Comme je l’ai dit en présentation, ce roman suit les codes habituels du genre… mais de façon inversée. Ainsi les Ténèbres nous inspirent beaucoup plus de sympathie que la Lumière. Par ailleurs, il ne s’agit pas ici de sauver le monde, mais plutôt de le ramener à un état initial suite à une perturbation de son climat originel, et on oublie l’action et le gore qu’on rencontre fréquemment dans la Dark Fantasy (même s’il n’est pas exempt de scènes glauques ou violentes), l’autrice nous offre ici une ambiance mélancolique, sombre, mais plus poétique que glauque, dans un univers qui évoquera davantage les pays slaves que le moyen-âge européen. Ainsi, l’originalité est le premier point fort de ce roman, malgré ce que le résumé peut laisser penser. Et malheureusement en ce qui me concerne, si j’ai beaucoup apprécié cet univers… je n’ai pas accroché au reste.

Le style de l’autrice, très travaillé et poétique, participe énormément à conférer cette ambiance mélancolique et contemplative à ce roman, ce qui convient également à son atmosphère hivernale. Mais ce qu’on gagne en poésie, on perd en clarté et en rythme. Pendant tout le roman, j’ai eu l’impression d’observer l’histoire et les personnages depuis une fenêtre recouverte de givre. Je percevais certaines choses, mais après lecture j’ai l’impression que le roman m’a complètement échappé, tant il reste de zones d’ombres et de questions sans réponses. Or, trop de mystère tue le mystère, puisque faute de grain à moudre, j’avais l’impression que les pages tournaient un peu au ralenti.

Les personnages restent également assez nébuleux, du coup j’ai été incapable de m’attacher à l’un ou l’autre. J’aime bien le fait que Noir, le « Seigneur des Ténèbres » soit plus proche d’un gamin que d’un être charismatique, mais du coup, on se demande un peu ce qui pousse tout le monde à le suivre.

Et le rythme ne m’a pas aidée à m’accrocher. Le style fait qu’il y a régulièrement des redondances dans les idées, il y a très peu de dialogues, et avant le 3e tiers, il n’y a pas vraiment de scène qui m’a fait me demander ce qui allait se passait ensuite. Paradoxalement, j’ai justement trouvé le dernier tiers… trop rapide. Il se passe beaucoup de choses, il y a de nouvelles relations entre personnages, de nouveaux enjeux personnels, et c’est assez vite résolu.

Bilan

Même si je n’ai pas vraiment réussi à accrocher à ce roman, trop contemplatif et nébuleux à mon goût, je salue son originalité globale et la qualité de son atmosphère.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

Une réflexion sur “Les chats des neiges ne sont plus blancs en hiver, Noémie Wiorek

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