Bird Box, Josh Malerman (Roman et adaptation)

Bird Box

Auteur : Josh Malerman, Américain

SF Post-Apocalyptique/Horreur

Le livre se tient tout seul, mais une suite est parue en 2020, non encore traduite

Sortie VO en 2014

2014, Orbit (Calmann-Lévy)

2015, Livre de Poche

Traducteur : Sébastien Guillot

TW : sang, blessures, suicides, morts violentes, évocation de mutilations

Malorie élève ses enfants de la seule façon possible : barricadés chez eux. Dehors, il y a un danger terrible, sans nom. S’ils s’aventurent à l’extérieur, ce sera les yeux bandés pour rester en vie. S’ils ôtent leurs bandeaux, ils se donneront la mort avec une violence inouïe. Malorie a deux solutions : rester cachée avec ses enfants, isolée, ou bien entamer un terrifiant périple jusqu’au fleuve dans une tentative désespérée, presque vaine, pour rejoindre une hypothétique colonie de survivants. La maison est calme. Les portes sont verrouillées, les rideaux sont tirés, les matelas cloués aux fenêtres. Les enfants dorment dans la chambre de l’autre côté du couloir. Mais bientôt, elle devra les réveiller et leur bander les yeux. Aujourd’hui, ils doivent quitter la maison et jouer le tout pour le tout.

Le Livre

Le roman est essentiellement raconté du point de vue de la protagoniste, Malorie, via deux lignes temporelles qui s’alternent à presque chaque chapitre : le présent, cinq ans après la catastrophe, et le passé, au début et pendant la catastrophe. Je trouve que ce choix donne un rythme intéressant, par contre, ça atténue grandement l’intérêt qu’on aurait pu avoir pour les personnages secondaires. S’ils ne sont plus dans la ligne du présent, on comprend bien ce que ça signifie…

La catastrophe proprement dite est très intéressante en terme d’épouvante. Pour une raison que l’on ignore, des créatures se baladent désormais sur Terre. Elles ne semblent pas agressives, on ignore leur but, leur origine, la raison de leur présence, et même si elles veulent du mal aux Terriens ou pas. Déjà, ce mystère qui les entoure induit une certaine forme d’angoisse. Ensuite, on ignore à quoi elles peuvent ressembler, puisque les apercevoir signifie la folie et la mort, même si certains semblent immunisés (et sont presque plus dangereux que les créatures elles-mêmes). Les personnages sont donc contraints d’évoluer les yeux fermés ou bandés, les fenêtres hermétiquement closes. Et lea lecteurice est tout aussi aveuglé que les personnages. Comme elleux, on ignore ce qu’il se passe, on ignore si ce qu’ils entendent est une créature ou le bruit du vent. Comme elleux, on ignore s’iels sont en danger ou pas. Le livre lui-même n’est pas très effrayant, mais il y règne tout du long un certain malaise, voire une angoisse, causés par l’inconnu. Personnellement, je trouve ça plus angoissant que d’avoir les réponses.

Si j’ai aimé l’intrigue et le postulat de base, j’ai été moins convaincue par les personnages. Déjà, on sait que la majorité d’entre eux vont mourir, et ils ne sont pas spécialement développés. Concernant Malorie, dans la ligne du passé elle est plutôt passive, mais elle devient plus intéressante dans la ligne du présent. Désormais seule, avec deux enfants en bas âge à élevé, elle fait preuve d’un grand courage et d’une volonté inébranlable. Les enfants ne sont pas très développés non plus, et je trouve leurs facultés trop importantes pour être crédibles. Nés pendant la catastrophe, elle les a entraînés à tout entendre. Sauf que leur ouïe en devient, à mon sens, surhumaine, au point de savoir que leur mère s’est touché les dents alors qu’elle est à l’étage d’une maison et eux au rez-de-chaussée. Je veux bien que l’isolation soit mauvaise, mais à ce point ? En plus on ne sent pas d’attachement entre Malorie et les enfants (ni réellement avec les autres persos secondaires). Je comprends que la situation est très mauvaise pour établir des liens, mais du coup, sans émotions de la part des personnages je n’ai pas réussi à m’émouvoir moi-même sur ce qui leur arrive.

Autre point négatif, les animaux. On se rend compte à un moment que les animaux sont eux aussi sensibles à la vue de ces créatures, avec les même conséquences. Sauf que, avant que Malorie ne quitte sa maison pour rejoindre un abri, il s’écoule environ 5 mois, mettons 3 ou 4 mois pendant lesquelles les informations fonctionnent en grande partie (c’est d’ailleurs comme ça que les personnages apprennent comment fonctionne le danger). Comment est-ce possible que personne n’ait évoqué de cas d’animaux rendus fous, alors qu’il semble ne rester presque plus d’humains ? Comment est-ce possible, alors qu’on nous dit que ça grouille de créatures dehors, que les animaux des personnages n’aient pas vu de créatures pendant leur sortie ? Et dans la ligne du présent, soit 5 ans après… il y a encore des animaux sauvages vivants et n’ayant apparemment pas croisé de créatures jusqu’ici. Pour moi, ce n’est pas possible par rapport à ce que le roman nous dit.

Néanmoins, malgré plusieurs (gros) points négatifs, j’aime bien ce roman, dont je trouve l’angoisse plutôt efficace et le principe de base vraiment intéressant.

L’adaptation Netflix

Bird Box

Film Américain, sorti en 2018 sur Netflix

Réalisé par Susanne Bier

Scénario par Eric Heisserer

Trailer VF

J’avais vu le film une première fois peu de temps après sa sortie, et j’en gardais un global bon souvenir. Je l’ai donc revu dans le cadre de cette chronique, après avoir relu le livre. Et là, grosse déception.

Le film suit globalement la trame du livre. Il y a quelques changements mineurs, par exemple plusieurs personnages secondaires sont différents, leurs morts également, les chiens sont absents (du coup on ne parle même plus de l’impact des créatures sur les animaux, ce qui a le mérite de supprimer une incohérence). Il y a aussi des changements plus importants. Un qui ne pose pas de soucis particulier, dans le dernier arc du film. Un autre en revanche…

Dans le livre, il y a plusieurs mois qui s’écoulent entre le moment où les gens commencent à entendre parler de cette épidémie de suicides et le moment où l’humanité est quasiment réduite à néant. Dans le film, les personnages entendent parler de ça à la télé, et le jour-même, patatras, c’est le chaos partout. J’imagine que c’était pour une question de rythme, mais du coup on a une grosse scène complètement incohérente dès le début du film. Certes, elle est impressionnante, mais c’est n’importe quoi. On sait que le simple fait d’apercevoir les créatures provoque la folie. Même du coin de l’œil, même à travers un écran ou autre. Dans cette scène, on a une foule qui court dans tous les sens. Certains personnages voient les créatures, d’autres non. Alors qu’ils regardent dans la même direction. Comment c’est possible ? Pourquoi ? Kesadirequececi ?

On a aussi l’équivalent de « on enlève nos casques sur une planète inconnue ». A un moment, les personnages font une sortie pour aller dans un supermarché. Et que font-ils sur place ? Ils enlèvent leurs bandeaux sans savoir combien il y a d’ouvertures et sans savoir s’il y a des créatures à l’intérieur ! A quoi ça sert de leur faire prendre des précautions si c’est pour tout oublier en deux secondes ?

Je trouve aussi que l’angoisse est beaucoup moins efficace que dans le livre, dans la mesure où on voit ce qu’il se passe autour des personnages (même si on ne voit pas les créatures).

Bilan

Un vrai potentiel, mais malheureusement le résultat n’est pas toujours à la hauteur, avec notamment des incohérences et un certain manque d’émotions. Je vous conseille néanmoins le livre, dont j’ai apprécié ma relecture malgré tout et que je trouve plus efficace que le film.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

Il y a pas mal d’avis concernant le livre et le film, vous ne devriez pas avoir de mal à en trouver d’autres.

13 réflexions sur “Bird Box, Josh Malerman (Roman et adaptation)

  1. Je n’ai vu que le film que j’ai bien aimé et que j’ai trouvé plutôt prenant. Ce que tu dis en comparaison du roman me donne très envie de le lire. Comme je te l’ai écrit, j’avais une très bonne impression première, donc, si c’est mieux, ce sera la fête!

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    • J’avais également bien aimé le film au cours de mon premier visionnage, mais le revoir juste après la lecture du livre c’était pas une bonne idée^^ Comme nous aussi sommes privés de la vue/des descriptions, je trouve le livre plus prenant que le film.

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  2. Je ne savais même pas qu’il y avait un livre.. j’ai vu le film, ça ne m’a pas particulièrement marqué mais pas non plus laissé une grande impression. Mais le livre, pourquoi pas ?

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    • La première fois que j’ai vu le film, je ne savais même pas que c’était une adaptation, du coup je l’avais trouvé sympa mais oubliable. Mais alors le voir juste après avoir lu le bouquin, tous les problèmes du film te sautent dessu XD

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