Le Village des damnés, John Wyndham (livre et film)

Le village des damnés (qu’on trouve aussi sous le titre Les Coucous de Midwich), est l’un des premiers films d’épouvante que j’ai regardés, vers l’âge de 11-12 ans. Et à l’époque, ce film de Carpenter m’avait fascinée, si bien que certaines scènes continuaient à me suivre. J’avais lu le roman quelques années plus tard, et n’en gardais pas grand souvenir.

Le roman a connu plusieurs adaptations en films, mais aussi en série TV, en 2022. A l’occasion de cette chronique, j’ai relu le récit, et revu l’adaptation de Carpenter.

Le village des damnés

Auteur : John Wyndham, Britannique

Science-Fiction/Epouvante

VO : 1957

VF : Première parution 1995 (Denoël), Présente édition 2014 (France Loisirs)

Traducteur : Adrien Veillon

TW : violence physique, blessures, morts, remarques racistes et sexistes

Pour toute une nuit, la paisible bourgade de Midwich se trouve coupée du monde par un réseau de force invisible. Tout ce qui y respire perd conscience et le lendemain, comme si rien ne s’était passé, Midwich retrouve son calme séculaire… Jusqu’au jour où toutes les femmes du village, même les jeunes filles, découvrent qu’elles sont enceintes. Neuf mois plus tard, elles donnent naissance à trente garçons et trente filles d’une beauté et d’une force remarquables, encore qu’ils aient les yeux dorés et une peau présentant de curieux reflets… Qui sont-ils exactement ? Il faudra attendre leur scolarisation pour comprendre quel formidable danger ils représentent…

Mon avis

Le roman, plutôt court, entre assez vite dans le vif, avec cet étrange blackout inexpliqué de tout un village qui tombe évanoui, animaux inclus. Les autorités ne comprennent pas ce qu’il s’est passé, mais bientôt, il y a encore plus étrange, puisqu’une soixantaine de femmes se retrouvent enceintes suite à cette journée.

Les enfants sont plutôt en bonne santé, ressemblent bel et bien à des humains… sauf qu’ils se ressemblent tous étrangement, et n’ont en revanche aucune ressemblance avec leurs mères. J’aime assez que les personnages comprennent assez vite d’où viennent ces enfants, ça évite de tourner autour du pot pendant des plombes. Qu’ils décident de les élever n’est pas si étonnant, puisque les enfants semblent tout à fait adorables (mais moins que des bébés chats. Ou des bébés loutres) et ne semblent pas représenter de danger.

Et puis… certains habitants commencent à se conduire étrangement. Les personnages n’y portent pas grande attention dans un premier temps, d’autant que c’est assez anodin au début. Mais peu à peu, ça devient inquiétant, et on se doute bien que les enfants sont à l’origine de ces « accidents ». C’est là un autre aspect du roman que j’ai apprécié : la tension monte graduellement, jusqu’au point où il n’est plus possible d’ignorer la menace que représentent ces êtres, si semblables les uns aux autres, à tel point qu’ils ne forment que deux esprits (un mâle et un femelle) divisé en une trentaine de parcelles. L’uniformité contre l’individualité.

Pourtant, il est difficile de réellement craindre ces enfants. Ils ne sont pas hargneux ou agressifs, ils aiment les bonbons et les films, ils sont polis et aimables. Mais leur instinct de survie et de protection est particulièrement fort, avec des réactions excessivement violentes. Il faut dire qu’ils représentent une toute autre espèce, décidée à survivre sur cette Terre, quitte à écraser les autres.

Points faibles du roman : la narration lente et froide et les personnages. Ces derniers sont juste là pour raconter l’histoire, ce sont des fonctions et pas des personnages vivants, d’ailleurs leurs dialogues sont assez peu crédibles. Par contre les discours racistes et sexistes, youhou, ça y va, et on s’en serait bien passé ! Les femmes c’est juste que des éponges à émotions qui sont pas capables de réfléchir et qui veulent forcément des bébés même s’ils viennent de viols extra-terrestres -_- (d’ailleurs, les femmes ne sont pas du tout traumatisées, il n’est jamais question de viol, de consentement, d’avortement ou quoi que ce soit. Les femmes elles aiment les bébés on vous a dit). Et puis hé, ça aurait pu être pire, les enfants auraient pu naître noirs ou jaunes (sortez-moi de là T_T c’est vraiment dit dans le livre ! – pas de maj dans le texte).

Même si ce roman ne fait pas peur (il n’est même pas angoissant), je le trouve toujours intéressant dans les thématiques qu’il propose, avec une réflexion sur le libre-arbitre, la politique (coucou la Guerre Froide), la morale, l’humanité. Mais bon, faut se farcir les points négatifs, quoi.

Le village des damnés

1995, John Carpenter

Science-Fiction/Horreur

TW : qqs scènes un peu graphiques, violence, blessures, morts

Trailer

Mon Avis

Bon, on ne va pas se mentir, le film a vieilli ^^ Mais est-ce qu’il se regarde toujours ? Moui. Est-ce que c’est une bonne adaptation ? Ben… pas vraiment.

Le film est très lent à démarrer, le temps de nous présenter quelques personnages. Par contre, une fois que les enfants sont dans la place, ils ne perdent pas de temps ! Là où le livre était assez subtil, au point que les personnages mettent un moment avant de comprendre que quelque chose cloche, là c’est impossible à ignorer. Les gamins ont les yeux qui brillent comme des ampoules quand ils utilisent leurs pouvoirs, et leurs réactions sont particulièrement disproportionnées dès le début (la scène de la cuisine…). C’est sans doute plus marquant, mais je préférais la subtilité du livre.

Quant aux enfants eux-mêmes, ils n’ont plus grand chose à voir, bien que leur origine extra-terrestre reste la même. Ici, on n’a pas 60 enfants, mais seulement une dizaine. L’invasion, on la sent pas trop, et on a du mal à comprendre comment les persos peuvent galérer autant avec si peu de gamins, même si leurs pouvoirs sont plus grands. S’ils se ressemblent toujours, on a complètement perdu le côté : « 1 seul esprit prodigieux dans plusieurs corps ». Les enfants forment ici des duos, 1 garçon et 1 fille (par rapport à la repro de l’espèce ? le film est pas clair sur l’intérêt du truc). On a en plus une meneuse, là où dans le livre tous les enfants sont égaux. Du coup, la thématique de l’uniformité, on la sent pas trop non plus. Les enfants restent des individus clairement identifiés, et on ne peut jamais leur donner le bénéfice du doute.

Par contre, Carpenter s’intéresse un peu plus à ses personnages féminins et au contexte de l’insémination, notamment en leur proposant des avortements et en montrant le comportement écœurant de certains hommes. C’est léger, mais ça a le mérite d’être traité un minimum.

Bilan

Cette histoire d’invasion extra-terrestre reste plutôt intéressante dans son sous-texte, même si la forme est quand même pas mal datée, surtout dans le livre avec ses remarques racistes et cette vision misogyne des femmes. Le film n’est pas mauvais en soi, malgré ses longueurs et son manque de subtilité, mais il perd certaines thématiques du roman (mais en gagne d’autres, donc c’est une lecture différente du même évènement, en quelque sorte).

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

Une réflexion sur “Le Village des damnés, John Wyndham (livre et film)

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