[Livres sur l’Imaginaire]Le syndrome Magneto, Benjamin Patinaud (Bolchegeek)

Le Syndrome Magneto

Auteur : Benjamin Patinaud, aka Bolchegeek

Essai sur la pop-culture

2023, Au Diable Vauvert

« Tout le monde aime les méchants. La culture populaire en a produit de toutes formes et toutes couleurs. Mais tous ne commettent pas leurs atrocités pour de viles raisons. Certains ne veulent pas détruire le monde : ils veulent le changer. Utopistes malencontreusement dystopiques, extrémistes plus ou moins bien intentionnés, libérateurs aux penchants totalitaires, terroristes se vivant comme résistants : ce livre leur est consacré. » 

Mon avis

Depuis quelques années, Benjamin Patinaud propose sur sa chaîne Youtube Bolcheegeek des vidéos analysant la culture populaire et imaginaire – dessins animés, films, réalisateurs, tropes etc. – sous différents angles, notamment sociaux et politiques. En tant qu’amatrice et autrice d’Imaginaire, j’avais trouvé très intéressante sa vidéo Le syndrome Magneto : Pourquoi sont-ils si méchants ?, qui abordait justement la figure de l’antagoniste. Et vous pouvez vous en douter, l’essai dont je vais vous parler aujourd’hui en est le prolongement. Même si la vidéo est déjà passionnante par elle-même, le présent livre va plus loin dans sa réflexion, et propose aussi pas mal d’exemples (au passage, les exemples sont clairement explicités à la fin de l’ouvrage, donc vous ne serez pas perdus si vous n’avez pas en tête les références citées).

Mais du coup, c’est quoi ce fameux syndrome ?

Parmi les méchants de pop-culture les plus connus, je pense qu’on peut citer Magneto et Thanos, respectivement des antagonistes des X-Men et des Avengers. Ils sont éminemment dangereux, il est évident qu’il faut les arrêter avant qu’ils détruisent le monde… mais il y a un grand MAIS. Car ces antagonistes, ils ne sont pas des méchants sans autre motivation que la conquête ou la domination. C’est le genre d’anta qui nous font poser la question : et s’ils marquaient un point ? Et s’il n’y avait pas un fond de vérité dans leurs propos ? Il faut les arrêter, d’accord… mais est-ce que ce faisant, on ne creuse pas notre propre tombe ?

On le sait, pour avoir un bon protagoniste, il lui faut un antagoniste à sa mesure. Ce n’est pas si étonnant que les méchants soient si appréciés, surtout quand ils permettent de mettre le doigt sur des problématiques réelles. Que ce soit les inégalités, les discriminations, l’écologie, la corruption… ces méchants-là ont au moins le mérite de nous mettre le nez dedans. Leurs méthodes ne sont certes pas idéales, mais la question est enfin posée noir sur blanc.

Et dans cet essai, l’auteur revient justement sur ces questions-là, rapprochant ces antagonistes qu’on aime tant à des personnalités réelles et/ou des problématiques réelles (injustices sociales, discriminations, précarité, écologie etc.) traitées par métaphores ou non, de façon plus ou moins explicites. On ne le dira jamais assez, mais même les œuvres de divertissement disent quelque chose de nous (tout est politique, et la pop culture n’y échappe pas).

Autre point intéressant, c’est le rapport qu’il existe entre les protagonistes et les antagonistes. Si les seconds agissent par des motivations finalement nobles, protégeant la planète ou les personnes discriminées, qu’est-ce qui fait la différence entre les premiers et les seconds ? Les gentils ne seraient-ils pas finalement un peu hypocrites, à vouloir conserver le monde dans un statu quo qui apparaît néfaste, sans parfois y proposer leurs propres solutions ?

Ce livre ne propose pas forcément de réponse, mais revient donc sur ces questions-là via de multiples références et exemples. Il est d’ailleurs extrêmement dense – le début est même un peu poussif – , j’avoue que je ne l’ai pas lu d’une traite, d’autant que chaque chapitre est propice à la réflexion : sur la pop-culture elle-même, l’écriture, mais aussi sur notre monde à nous. En tout cas, je compte bien en tirer partie pour ma propre écriture.

Bilan

Que vous aimiez simplement la pop-culture ou que vous soyez auteurice de l’Imaginaire, cet essai propose une étude dense de la figure du « méchant », de ses significations à ses messages, mais aussi par comparaison de la figure du « gentil ». La vidéo initiale était déjà passionnante, et cet essai va un peu plus loin.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

3 réflexions sur “[Livres sur l’Imaginaire]Le syndrome Magneto, Benjamin Patinaud (Bolchegeek)

  1. Pingback: Index : Ressources sur l’écriture et l’Imaginaire (21/06/2023) | L'Imaginaerum de Symphonie

  2. Pingback: Le syndrome Magneto, Benjamin PATINAUD – Le nocher des livres

  3. Pingback: Nimona (Film d’animation Netflix) | L'Imaginaerum de Symphonie

Laisser un commentaire