Sirius est un conte mêlant merveilleux et post-apocalyptique (si, si), écrit par l’auteur français Stéphane Servant, et publié en 2017 aux éditions du Rouergue.
Alors que le monde se meurt, Avril, une jeune fille, tente tant bien que mal d’élever son petit frère, Kid. Réfugiés au coeur d’une forêt, ils se tiennent à l’écart des villes et de la folie des hommes… jusqu’au jour où le mystérieux passé d’Avril les jette brutalement sur la route. Pourchassés, il leur faut maintenant survivre dans cet univers livré au chaos et à la sauvagerie. Mais sur leur chemin, une rencontre va tout bouleverser : Sirius.
Univers
L’univers est à la fois sombre et lumineux, et chaque aspect vient rehausser l’autre. D’un côté, on a un monde sombre, car pour une mystérieuse raison (dévoilée dans le roman, je vous rassure ;), les êtres vivants ont commencé à ne plus pouvoir se reproduire, et même à mourir. Autrement dit, plus de nouvelles plantes, plus de nouveaux animaux. Les derniers humains survivent tant bien que mal grâce aux vivres cachés dans des capsules abandonnées un peu partout, mais elles tendent à se raréfier.
Quant aux animaux, si certains semblent avoir mieux tenu que d’autres, ils ont presque disparu. Plus d’oiseaux, plus de renards, plus de poissons. (D’ailleurs, un point que je n’ai pas trouvé logique : les rats semblent être relativement nombreux. Donc soit ils ont réchappé au virus qui a décimé les animaux, soit… il y a un problème vu l’espérance de vie de ces animaux, sachant que la catastrophe a eu lieu plusieurs années avant le début de l’histoire.).
L’ambiance post-apo est plutôt bien rendue, on sent bien la détresse des personnages, mais elle reste suffisamment soft pour que le livre puisse être lue par des jeunes lecteurs (j’ai pas dit 5 ans non plus ! mais à partir de 12 ans, je pense que ça le fait).
A côté de cette détresse, donc, réside quand même une bonne touche d’espoir. Le personnage de Kid, tout d’abord, apporte une touche de fraîcheur par sa candeur et sa sensibilité, et l’histoire est émaillée de personnages/animaux peu habituels dans ce type de récit, d’où un net côté « conte ».
Personnages
L’histoire est principalement racontée du point de vue d’Avril, une adolescente à la peau noire qui se traîne un lourd passé. Entre le harcèlement et le racisme qu’elle a subis étant plus jeune, plus son ancienne adhésion à une secte et la perte de ses parents, on peut dire qu’elle n’a pas eu de bol. Si elle aurait pu basculer, elle a trouvé en elle suffisamment de force pour veiller sur son petit frère Kid (à la peau blanche, dont on comprend vite qu’il y a quelque chose là-dessous), le second personnage point de vue de cette histoire.
Kid est un petit garçon joyeux et optimiste, qui rêve de voir des oiseaux, mais qui ne croit pas que le monde ait pu être si beau, autrefois. A noter qu’il peut « parler » aux animaux (ou du moins, il est capable de les comprendre et d’accéder à leurs émotions et leur passé). Si j’ai beaucoup aimé les passages de son point de vue, très sensibles, je l’ai en revanche trouvé quasiment insupportable dans les autres chapitres. Son comportement met à plusieurs reprise sa vie et celle de sa soeur en danger, sans parler de sa façon de parler très gamine (c’est cohérent dans le contexte, mais j’avoue que j’ai vite trouvé ça casse-pied).
J’ai beaucoup aimé le personnage du Conteur, un ancien écrivain bourru qui va aider un peu à l’insu de son plein gré les deux protagonistes^^
Et puis bien sûr, il y a les animaux. A commencer par Sirius, un petit cochon très attachant. S’il n’a pas un rôle actif, c’est son arrivée qui va pousser Avril et Kid à commencer leur voyage. Il est également un véritable symbole d’espoir.
Intrigue
Avril et Kid survivent comme ils peuvent dans leur arbre. Afin d’aider son frère à garder espoir et son âme d’enfant, elle ne cesse de lui raconter qu’un jour, Sirius arrivera et les guidera vers la Montagne, où ils pourront vivre heureux. Or, le passé d’Avril finit par les rattraper, tandis qu’un cochon surgit sur leur chemin. Kid en est sûr, ce ne peut être que Sirius ! Même si Avril est persuadée que ce n’est pas le cas, ils sont bien obligés de fuir. Et peut-être que cette Montagne existe, après tout… Sur le chemin, il feront la rencontre d’humains bons ou moins bons, et de plusieurs animaux. Kid pense que lui, sa soeur, et leurs nouveaux amis sont des « zétoiles », faisant partie de la même constellation, et c’est ensemble qu’ils devront tenter de trouver la paix.
L’intrigue est plutôt simple, très proche de celle d’un conte, et c’est pas plus mal compte tenu des thèmes plus sombres qui sont abordés. Je pense donc que ce livre est une très bonne lecture à proposer aux jeunes.
Quant à moi… Même si j’ai beaucoup apprécié cette ode à la nature, au respect, et à la compassion qui nous sont offerts, j’ai trouvé que les thèmes étaient traités d’une façon un peu simple et naïve, manquant de profondeur. J’aurais bien aimé une réflexion plus poussée, plus nuancée, d’autant que tel quel, ça pose à mon avis quelques soucis… (Par exemple, Athos, l’ourse qui fait partie de la constellation. On nous dit que manger des animaux, c’est mal, car toute vie est importante, et aucune ne vaut mieux qu’une autre. Ok. Mais du coup, l’ourse… elle a survécu en mangeant des carottes ? ).
De même, le récit manque pas mal d’explications. Pourquoi Kid, Avril et ces animaux font-ils partie du même groupe ? Pourquoi Kid peut les comprendre ? Pourquoi ont-ils été choisis ? (bon, ok, ça va dans l’aspect conte, mais ça m’a quand même manqué^^).
Dans le cadre d’un conte, d’un récit jeunesse, les choix qui ont été fait sont parfaitement logiques et appropriés. Mais personnellement, je n’y ai pas trouvé mon compte à ce niveau, n’étant pas dans le public cible.
Style
Le style lors des points de vue de Kid est vraiment sensible et touchant, ce sont vraiment des passages que j’ai adorés. Le reste du texte est très bien écrit aussi, même si je n’ai pas accroché à la façon de parler de Kid. Il n’y a pas beaucoup d’action, mais on ne s’ennuie pas une seconde, et l’ambiance du texte est vraiment un plus. Petit truc rigolo mais qui « spoile » un peu la fin : les chapitres sont à rebours 😉
Bilan
Ce roman s’est révélé une bonne surprise, surtout que je ne connaissais pas du tout la maison d’édition (je remercie Emmanuel Chastellière au passage 😉 ). Même si le thème en lui même est peu original dans la SF, la poésie et l’optimisme avec lequel il est traité confère une ambiance originale et pleine de sensibilité au récit. Ce n’est pas un coup de cœur, car trop « naïf » et « simple » dans ses réflexions à mon goût, avec un personnage principal souvent insupportable, et manquant de subtilité dans les messages qu’il transmet (du fait de la cible jeunesse, peut-être ?). Mais néanmoins une chouette lecture^^
Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?
- Sometimes a book
- Les livres de Rose
- Les lectures de Sophie
- Les pages qui tournent
- Stelphique
- Elhyandra
- Less Tears More Ink
(PIF 2019)
Merci pour le lien, et au plaisir du partage!
J’ai adoré cette lecture!
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De rien^^ C’est important d’avoir plusieurs avis de lecture^^
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Je le pense aussi 😉
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Ce livre me donnait pas mal envie et ta chronique me conforte dans cette idée 🙂 Et cette couverture.. waw ❤
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Tant mieux 😀 même s’il n’est pas parfait, je l’ai quand même trouvé très sympa ^^
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Hello ! Merci pour le lien… et contente d’entendre parler de Sirius à nouveau !
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De rien^^
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Merci pour le lien! Le manque de nuance au niveau du traitement des messages (comme tu le dis) et le fait que je ne m’étais pas spécialement attachée aux personnages (Kid m’avait aussi énervée par moment même si vu son âge c’est compréhensible) + le fait que je me rends compte de plus en plus que les road trip ce n’est pas mon truc => avaient fait que ce livre n’avait pas été une grande réussite pour moi même si je comprends pourquoi d’autres l’ont apprécié! 😀
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Je pense que le traitement du thème s’explique du fait que c’est du jeunesse, mais comme ce sont des questions auxquelles j’ai déjà réfléchi, c’était trop léger pour moi. J’ai quand même bien aimé le roman, mais je comprends ton ressenti^^
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Intriguant, je prends note même si je ne pense pas que cela soit dans mes cordes de lecture mais sait-on jamais. Pour les rats, se sont des animaux qui se reproduisent très rapidement et qui s’adaptent très rapidement à de nombreuses maladies (pas pour rien qu’ils en sont parfois les vecteurs). Lors d’une apocalypse, ce qui reste souvent se sont les rats (petits et savent très bien se cacher). Voilà pour la théorie du rat, lol.
Belle chronique !
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Difficile den dire plus sans spoiler, mais ce n’est pas une épidémie normale^^ dans le contexte précis du livre, pour moi ça manque d’explication. M’enfin, ça reste de l’ordre du détail ^^ merxi sinon 🙂
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Mon petit coup de coeur de l’an dernier ^^
Merci pour le lien
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