Cuits à point, Elodie Serrano

cuits

Cuits à point est un one-shot de Gaslamp  Fantasy de l’autrice française Elodie Serrano. Il a été publié en 2020 aux éditions Actu SF.

Gauthier Guillet et Anna Cargali parcourent la France pour résoudre des mystères qui relèvent plus souvent d’arnaques que de véritables phénomènes surnaturels. Mais leur nouvelle affaire est d’un tout autre calibre : pourquoi la ville de Londres subit-elle une véritable canicule alors qu’on est en plein hiver et que le reste de l’Angleterre ploie sous la neige ? Se pourrait-il que cette fois des forces inexpliquées soient vraiment en jeu ?

De quoi ça parle ? 

Gauthier (un Français) et Anna (une Italienne) sont des démystificateurs, c’est à dire qu’ils enquêtent sur de soit disant phénomènes paranormaux… qui se révèlent parfaitement naturels. Ils sont alors appelés à enquêtés à Londres, aidée de Lloyd, un Anglais, en raison d’une canicule particulièrement étrange et de problèmes dans le métro. Gauthier penche pour pour une machine, Lloyd un phénomène surnaturel, tandis qu’Anna… aimerait bien que ces fichus bonshommes l’écoutent enfin.

Mon avis

Si j’avais trouvé les Baleines Célestes sympa, ce roman est à un autre niveau, on sent bien la progression de l’autrice, notamment en ce qui concerne ses personnages. Ceux-ci sont stéréotypés, mais ça ne m’a absolument pas dérangée ici pour deux raisons : j’ai trouvé que ça faisait ressortir davantage le personnage de Anna, une femme qui doit faire sa place dans un monde d’hommes, et ça permet d’entrer rapidement dans le vif du sujet. Gauthier est colérique et un peu buté, mais suffisamment intelligent pour admettre ses torts, tandis que Lloyd est un britannique pur jus, tout en flegme et amabilité (mais je l’ai trouvé quand même un peu fade), et les dialogues entre les deux sont plutôt drôles^^.

Anna a une personnalité plus complexe, mesurée, et est d’ailleurs la voix de ce roman. J’ai apprécié de voir son évolution : au début « assistante » de Gauthier (autant dire une ombre), elle prend peu à peu de l’assurance et va finalement démontrer que les femmes ont des choses à dire. De façon générale, on va pas se mentir, ce sont les femmes qui sont sur le devant de la scène, avec des personnages secondaires plutôt chouettes, en particulier Maggie, une adolescente très intelligente qui ne se laissera pas impressionner. Les personnages masculins en revanche sont soit à baffer soit fades.

Le roman se déroule fin du XIXe siècle, et la technologie a étouffé les dernières bribes de magie, au point que celle-ci appartient désormais à un passé révolu, voire mythique, ce qui permet de moderniser certains… euh… aspects de l’imaginaire, en essayant de ne pas spoiler^^  Du coup, il y a un côté fantastique, puisque le surnaturel fait irruption dans un monde tourné vers le rationnel et la science. Et pas vraiment dans la discrétion, en plus.

Je pensais que le roman tout entier allait tourner autour de l’enquête proprement dite, aussi ai-je été assez surprise de constater que la réponse est mise assez rapidement sur le tapis. La deuxième partie porte plutôt sur la résolution du problème, partie qui s’est révélée tout aussi intéressante que la première, avec notamment une réflexion sur le pouvoir. L’intrigue n’est pas surprenante, j’ai deviné assez rapidement de quoi il retournait, mais elle reste plaisante.

Bilan 

Essai confirmé pour l’autrice, avec un one-shot maîtrisé qui reprend des codes connus tout en les modernisant dans un univers industriel, avec quelques références au folklore britannique. Le thème du sexisme est bien amené à mon sens, sans lourdeur, puisqu’il traite plutôt du sexisme banalisé, celui qui invisibilise les femmes sans violence, presque de façon inconsciente. Un divertissement efficace, mais pas que, et qui se lit en plus assez vite 🙂

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ? 

9 réflexions sur “Cuits à point, Elodie Serrano

  1. J’hésitais parce que j’avais peur que ce soit trop centré sur ce féminisme d’opposition où la femme se bat seule dans un monde d’hommes (ce n’est pas un mal, c’est juste devenu une mode que tout le monde copie sans voir que ça normalise l’idée de lutte, non d’égalité), mais c’est vrai que le concept d’enquêteurs démystifiant les affaires d’apparence paranormale m’intrigue. 🙂

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    • Je comprends ^^ là on est plus sur un sexisme inconscient. La femme n’est pas méprisée, haïe ou quoi, mais on a du mal à les imaginer comme les egales des hommes (par exemple la protagoniste est d’office considérée comme une assistante plutôt qu’une « collègue », on n’écoute pas trop son avis, ce genre de choses). Le concept est sympa en tout cas, oui ^^

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      • Du coup, au contraire, ça peut être intéressant comme façon de présenter les inégalités, de montrer qu’on n’a pas toujours conscience de mal faire, que l’homme aussi est victime des diktats de la société. Bon, dans ma wishlist alors. ^^

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