Rouge Sang Noir Corbeau T2 : La Santa Muerte, Justine Robin

51Ml2k3fXUL

La Santa Muerte est le deuxième tome du dyptique d’Urban Fantasy « Rouge sang et noir corbeau », de l’autrice française Justine Robin. Il a été publié en 2020 aux éditions Héron d’Argent.

S’il ne doit rester qu’une dernière chose dans ce monde, ce sera nous. Ce sera la Mort ! »

Le Sanctuaire n’est désormais plus que ruines. Chassées par les Semeurs de Vie, les Faucheuses ont soif de vengeance. Mais les ennemis d’Amélia et de Rain sont légion…

Que dissimule véritablement cette attaque soudaine contre l’ordre du trépas ? Que désire exactement la Santa Muerte, cette mystérieuse entité macabre mexicaine qui semble tant s’intéresser à la faucheuse rouge ?

L’étau se resserre. Les langues se délient. Les rivalités font rage et les trahisons sont nombreuses.

Existe-t-il des secrets plus dangereux que ceux de la Mort ?

Mon avis

Avant de parler du tome 2, petit rappel de ce que j’avais pensé du tome 1. Même si j’émettais des réserves sur la relation toxique entre les deux protagonistes, j’appréciais beaucoup la modernisation de la Mort, avec la culture d’entreprise, les spécialisations des faucheuses et les différents types de spectres. Du coup, j’attendais bel et bien le tome 2.

Sauf que j’ai vraiment failli renoncer à aller au bout de celui-ci, et je vais vous expliquer pourquoi.

Ce que j’avais préféré dans le tome 1, donc, c’était son univers. Sauf qu’en dehors d’Amélia, la protagoniste, on n’en a plus rien à faire des autres faucheuses et de leurs Ankou, qui sont planqués pendant la majeure partie du roman pour ne faire qu’un vague caméo sur la fin. Quant aux différentes sortes de spectres, ils sont vaguement mentionnés dans l’épilogue, mais on n’entendra pas parler une seule fois dans le roman. En clair, ce que j’avais aimé dans le 1, ici, on l’oublie.

Je m’attendais aussi à ce qu’on en apprenne davantage sur la fameuse Santa Muerte qui donne son nom au titre… au final le personnage et ses motivations restent un peu nébuleux, et ne m’a pas paru si important que ça au final. La romance est prépondérante, avec un coup de mou au milieu. Heureusement il y a un peu d’action à la fin, même si la résolution m’a paru un peu facile et cliché.

Du côté de la forme, j’ai trouvé pas mal de coquilles, surtout en début de texte, ce qui n’a pas facilité l’immersion.

Mais le vrai problème, c’est que ce tome 2 cristallise ce que je n’avais pas aimé dans le tome 1, à savoir la relation toxique et le caractère des protagonistes.

Amélia est plus exécrable que jamais, et l’humour de Rain ne m’a plus suffi pour compenser ses sautes d’humeur et sa violence physique et psychologique envers lui. J’avais accordé le bénéfice du doute au tome 1, parce que je m’attendais à une évolution qui changerait des romances habituelles du genre. Mais quand est arrivée la scène de la révélation du passé de Rain… j’ai failli refermer le livre. Et pour vous expliquer pourquoi, je vais être obligée de spoiler, donc si vous ne voulez rien savoir, vous pouvez scroller directement à la fin de l’article pour les liens vers les autres chroniques.

Terminons quand même sur une note positive : l’intrigue. L’explication du mystère arrive un peu vite à mon goût, mais je l’ai trouvée intéressante.

Avant la partie spoilers, je tiens à dire que ma réaction n’est pas uniquement due au roman, le but n’est absolument pas de jeter la pierre à l’autrice ou à ses romans, mais c’est la généralisation de ce dont on va parler avec laquelle j’ai du mal. Attention, les spoils sont juste après l’illu :

santa

Suite à une énième bagarre entre les 2, Amélia viole métaphoriquement Rain en s’introduisant de force dans son esprit. Malgré les plaintes répétées de Rain, elle insiste, fouillant de plus en plus profond pour obtenir ce qu’elle veut, et elle s’en fout complètement de le blesser ou de réveiller un trauma. Elle découvre donc le passé de Rain (on y revient plus bas), et donc ensuite elle va chouiner auprès de lui pour qu’il lui pardonne, parce que finalement elle se rend compte qu’elle l’aime. Celui-ci lui pardonne curieusement vite parce que… il l’aime aussi. Malgré toutes ses violences et son caractère dominateur et rancunier (bon, ok il l’a tuée, mais 150 ans après, on aurait pu croire qu’ils avaient avancé… En tout cas, ce ne sont pas des supers bases pour une romance saine). Suite à quoi, on quitte la romance toxique pour une romance plus classique où chacun est prêt à perdre sa vie pour l’autre, et ça tombe bien parce que le climax arrive. Et son comportement n’aura pas été remis en question, puisque tout est pardonné.

Je sais qu’on trouve ce type de romance ailleurs, mais justement, j’avoue que la romantisation des romances toxiques, surtout quand le livre va potentiellement être lu par des ados, ça me gêne un peu. J’avais espéré que l’évolution de leur relation serait différente…

Mais ce n’est pas la seule raison.

Ce que Amélia découvre, c’est que Rain est un orphelin blanc qui a été recueilli et élevé par des esclaves noirs. Ses parents adoptifs ont été assassinés par une esclavagiste blanche après que celle-ci a découvert que la mère de Rain couchait avec son mari (prostitution pour avoir de l’argent pour nourrir le gamin). Suite à quoi, Rain atterrit dans un réseau de pédophilie.

Bon, premier point, je trouve que ça fait un peu surenchère. Je ne dis pas que ce n’est pas possible, malheureusement, mais par rapport à l’ambiance du roman, je trouve que ce n’était pas forcément nécessaire d’aller aussi loin dans le malsain. Mais ce qui m’a vraiment gênée avec ça, c’est que l’esclavage, la maltraitance des personnes noires, la pédophilie etc, sont instrumentalisés pour faire pleurer sur le passé de Rain (et expliquer ses actions dans le tome 1). On ne connait pas ses parents, on n’en reparlera jamais, pas plus qu’on ne reparlera de l’esclavage, du racisme ou de pédophilie. La scène n’est pas là pour ça. C’est uniquement un rebondissement pour faire évoluer la romance entre Amélia et Rain et attiser la sympathie du lecteur. Ce ne sera même pas l’occasion de parler de stress post traumatique, Rain voulait se venger, point, et maintenant il a tiré la page sans que ça semble le perturber plus que ça (et pour le coup, ça aurait pu être intéressant de montrer les conséquences de l’acte d’Amélia). Je ne suis pas concernée, mais la scène m’a franchement mise mal à l’aise par son traitement.

Bilan

Si j’avais bien apprécié le tome 1, en particulier son univers, je n’ai pas retrouvé dans ce tome 2 ce que j’avais aimé, puisqu’une partie des éléments et personnages secondaires introduits précédemment sont complètement mis de côté. Ce que je n’avais pas aimé, en revanche, est prépondérant ici, à savoir la romance entre Amélia et Rain, romance qui me semble toxique, sans parler de certaines thématiques dont le traitement m’a mise mal à l’aise. Après, bien sûr, cela reste mes goûts et mes attentes, surtout si vous aimiez la relation entre les 2 protagonistes dans le tome 1 🙂

 

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

8 réflexions sur “Rouge Sang Noir Corbeau T2 : La Santa Muerte, Justine Robin

  1. Je n’aime pas quand les livres font de la romance leur intrigue principale, mais si en plus il est question d’une relation toxique où jamais on ne condamne l’aspect malsain et on ne critique les actes du protagoniste (encore moins quand il s’agit d’une femme tortionnaire)… Au contraire, on a trop souvent tendance à justifier la violence par la tension romantique/sexuelle, par le passif tragique… Le genre de morale que j’apprécie peu et qui ne convient pas, à mon sens, à un roman jeunesse/YA.
    Sinon, vu le comportement exécrable dont il est question, en 150 ans, ça n’est jamais venu à Rain de parler de son passé, même en partie, pour atténuer la colère d’Amélia ? Parce que tout ego qu’on peut avoir, sachant qu’on doit se taper l’éternité avec l’autre en position dominante, je pense qu’on chercherait un minimum à se créer un position plus confortable. Puis 150 ans après, avec toute l’expérience accumulée en tant que faucheuse, la connaissance de milliers d’histoires qui démontrent qu’on peut trouver des explications à un acte (explication ne veut pas dire justification… n’est-ce pas « Romance Toxique » ?), comment Amélia peut-elle se comporter comme si on l’avait tuée la veille et qu’elle n’avait pas conscience de toutes les tragédies humaines qui débouchent sur un acte désespéré ?
    Bref, pas du tout pour moi. (bon, je le pensais déjà avec ta chronique du tome 1 ^^).

    Sinon, sur le thème « la mort est une entreprise », « Les chroniques de la faucheuse » de Mickaël Druart est un recueil de nouvelles plutôt sympa. 😉

    Aimé par 1 personne

    • Oui, ça fait 150 ans qu’ils bossent ensemble, mais ils sont tellement butés l’un et l’autre qu’ils ne se sont jamais posés pour en discuter. On dirait presque qu’ils ne se connaissent que depuis une semaine en fait. Puis leurs amis auraient pu aussi intervenir pour que l’ambiance soit un peu plus agréable pour tout le monde.

      Enfin bref.

      Je note pour les chroniques de la faucheuse, en plus le format nouvelle peut être très sympa sur ce thème^^

      J’aime

      • On en a déjà parlé pour d’autres types d’ouvrages, mais vraiment, la gestion du temps dans les romans sfff pose parfois problème. Parce qu’on est dans l’imaginaire, on adore mettre des périodes de centaines, voire de milliers d’années, entre deux événements, avec zéro changement majeur. Pourtant, c’est impossible qu’un être humain ne change pas en 150 ans. Rien qu’en 10 ans, on se prend un gain d’expérience qui nous change sur de nombreux points, alors 150…

        Aimé par 1 personne

  2. Entièrement d’accord avec toi ! Je n’ai pas autant développé le côté romance dans ma chronique, mais tu as tout à fait raison. Je n’ai pas pensé à préciser qu’il s’agissait d’une relation toxique, mais j’aurais peut-être dû, notamment pour de plus jeunes lecteurs…

    Quoi qu’il en soit, il m’a aussi manqué ce qui m’avait plu dans le tome 1 : l’univers, le complot mené contre les faucheuses, de l’action, etc. C’est franchement dommage !

    Aimé par 1 personne

    • Si le roman avait été estampillé dark, j’aurais peut-être trouvé ça moins gênant (même si ça fait partie des tropes que je ne supporte plus), mais comme c’est du YA… :/

      Oui, beaucoup de choses sympa étaient présentées dans le 1, c’est dommage que ce soit absent du 2. Même le mystère, on comprend assez vite ce qu’il se passe ici.

      Aimé par 1 personne

  3. Pingback: Index : Oeuvres francophones | L'Imaginaerum de Symphonie

Laisser un commentaire