Angélus des Ogres, Laurent Pépin

Angélus des ogres

Auteur : Laurent Pépin, Français

Novella, peut se lire comme un one-shot mais suit Monstrueuse Féérie

Fantastique

2021, Flatland

TW : Milieu psychiatrique, rapport à la nourriture, anorexie, PTSD

Cette chronique s’inscrit dans le cadre d’un Service-Presse. Je remercie l’auteur de m’avoir fait confiance et de m’avoir proposé de lire son livre.

« J’habitais dans le service pour patients volubiles depuis ma décompensation poétique. Au fond, je crois avoir toujours su que cela se terminerait ainsi. Peut-être parce qu’il s’agissait du dernier lieu susceptible d’abriter une humanité qui ne soit pas encore réduite à une pensée filtrée suivant les normes d’hygiène. Ou plus simplement, parce qu’il n’y avait plus de place ailleurs dans le monde pour un personnage de conte de fées.

Je dois pourtant reconnaître qu’il n’y avait rien eu de féerique dans les évènements qui avaient présidé à mon admission : ma rencontre amoureuse avec une Elfe avait terriblement mal tourné, et les Monstres de mon enfance en avaient profité pour ressurgir. Je m’étais retrouvé plongé à nouveau dans le désert de ma venue au monde, un monde étranger et dangereux, où je ne savais pas bâtir. Sur ma langue desséchée, les mots mouraient ou devenaient fous. Parfois, même, mon corps se déchirait, sans savoir pourquoi. »

Mon avis

Sans surprise, cette novella est autant un OLNI (objet littéraire non identifié) que le premier. Suite à ce que nous apprenons dans Monstrueuse Féérie, nous découvrons que l’auteur fait désormais partie des patients dans l’établissement où il exerçe/exerçait en tant que psychologue, de quoi continuer notre exploration de la psychiatrie. Une thématique traitée de façon toujours aussi intéressante, avec une certaine critique de la part du narrateur à propos des « traitements » auxquels sont contraints les patients, qui visent davantage à les faire entrer dans une normalité qui n’est pas la leur au détriment de leur santé, de leurs particularité, de la richesse de leur monde intérieur.

Nous faisons ici la connaissance de Lucy, jeune femme anorexique à laquelle le narrateur va s’attacher, ainsi qu’il s’est attachée à l’Elfe. Nous découvrons alors sa grâce, sa sensibilité, sa poésie,… mais également sa part d’ombre. Petit à petit, le récit devient de plus en plus sombre, de plus en plus glauque, mélange de conte et d’horreur, toujours porté par un narrateur dans lequel on ne peut avoir tout à fait confiance. Où s’arrête la réalité, où commence le rêve ? Jusqu’à quel point le narrateur a-t-il réécrit sa vie pour échapper à ses monstres intérieurs et son passé traumatique ? Le contraste entre ces deux atmosphères fonctionne toujours aussi bien, la beauté de certains passages rehaussant le macabre de certains autres, et vice-versa. Pour cette raison et par ses thématiques, attention, ça reste un peu dur à lire par moments, s’il vous tente ne le lisez peut-être pas n’importe quand.

Bilan

Tout comme son prédécesseur, Angélus des ogres est une expérience de lecture à la fois fascinante et déroutante, que j’ai personnellement beaucoup aimé, mais que j’aurais du mal à conseiller tellement c’est atypique. Si vous avez aimé Monstrueuse Féérie, vous devriez aimer celui-ci aussi.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

Une réflexion sur “Angélus des Ogres, Laurent Pépin

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