L’arpenteuse de rêves, Estelle Faye

L’arpenteuse de rêves

Autrice : Estelle Faye, Française

One-Shot, Fantasy Jeunesse

2021, Rageot

Illustration : Paul Echegoyen

Diversité : pp saphique, ps mutique, ps avec une canne

Myri est une Arpenteuse, elle a le pouvoir de s’immiscer dans les rêves des autres. Ce pouvoir est aussi une malédiction qui a causé la mort de sa jeune sœur, quelques années auparavant. Depuis, Myri se tient à l’écart des rêves grâce à la nerfolia, une plante interdite.
Mais dans le royaume de Claren, quand on est une habitante de la ville basse, on n’échappe pas facilement à son destin. Une pollution inquiétante se répand autour des ateliers, le long du fleuve. Elle coïncide avec l’apparition d’étranges fantômes qui s’introduisent dans les rêves et les transforment en cauchemars. Alors, quand le petit Miracle est à son tour frappé par le Mal des fantômes, Myri n’a pas d’autre choix que de redevenir une Arpenteuse.

Mon avis

L’Arpenteuse des Rêves prend place dans la ville de Claren, et commence dans sa ville-basse, soit littéralement les bas quartiers. Après avoir vécu pas mal de déboires, Myri est parvenue à retrouver une certaine stabilité et une sécurité relative, et s’est constitué une véritable famille avec des personnes qu’elle a plus ou moins ramassé sur le bord de la route. Mais leur situation déjà précaire s’aggrave : la pollution, déjà très forte dans ces quartiers à cause, a entraîné l’émergence de fantômes qui provoquent une sorte de maladie liée aux rêves. Prête à tout pour protéger sa famille, Myri doit donc se réapproprier le passé et partir à l’assaut de la ville haute, pour lors encore épargnée par la pollution et ses fantômes… du moins en surface.

L’histoire en elle-même est très chouette, avec une Myri courageuse, déterminée et très protectrice avec sa famille, mais j’ai trouvé le roman trop rapide et pas assez développé (comprendre qu’il y a beaucoup de choses dedans, donc forcément on ne peut pas y consacrer trop de temps/place). L’univers qu’on perçoit semble fascinant, avec sa mythologie et cet étrange pouvoir lié aux rêves, mais j’ai trouvé qu’on restait un peu trop en surface à mon goût. Un peu pareil pour les personnages : il y a pas mal de personnages secondaires, notamment par le biais de la famille reconstituée de Myri, mais qu’on n’apprend pas réellement à connaître, on voit plus la dynamique de groupe que les individus en eux-mêmes.

Pour remettre dans le contexte, j’ai découvert la plume d’Estelle Faye via un Eclat de Givre, puis par Widjigo, qui m’avaient tous les deux frappée par leur style qui instaurait immédiatement une atmosphère particulière. Par ailleurs, je suis assez fascinée par les « magies » liées au rêve, sans doute à cause de mes nombreuses lectures de la Roue du Temps, avec son Tel’aran’rhiod, reflet instable et dangereux de notre monde.

Pourquoi je vous raconte ça ? Eh bien pour vous montrer que j’avais, un peu malgré moi, certaines attentes par rapport à ce roman, ce qui a fatalement joué sur mon ressenti global, et ça, la qualité intrinsèque du roman n’y est pour rien, ce sont des choses qui arrivent (sans parler du fait que c’est un roman Jeunesse, et que je n’en suis donc pas la cible).

Dans l’Arpenteuse, le style est efficace, mais plus « passe-partout » que ce à quoi je m’attendais au vu de mes précédentes lectures. Quant au monde des rêves, même s’il a son importante avec cette dimension mythologique qu’on découvre au fur et à mesure, je m’attendais là aussi à ce que ce soit davantage exploité.

Ceci étant dit, je ne me suis pas ennuyée un instant, le livre se lit tout seul, avec des personnages plutôt attachants (j’aime beaucoup Colombe !), et une ville qui apparaît presque comme un personnage à part entière avec ses descriptions immersives. On a d’ailleurs l’impression d’un vrai monde vivant : nous arrivons en cours de route, et l’univers continuera d’exister après que nous en ayons lu la dernière page.

Il y a aussi des thématiques actuelles traitées de façon intéressante, tournant principalement autour de l’écologie (pollution, disparition d’espèces…), des inégalités de la famille, de la tolérance, et des injustices en général. Le roman évite par ailleurs quelques poncifs et ne prend pas ses lecteurices pour des idiots.

Bref, même si la rencontre ne s’est pas faite complètement, j’ai quand même apprécié cette lecture, qui est en plus bien adapté à son public cible.

Bilan

Avais-je trop d’attentes sur ce roman ? Probablement. Je n’y ai pas retrouvé ce que j’avais aimé dans d’autres récits d’Estelle Faye, que ce soit au niveau du style, de l’atmosphère ou des personnages. Et en même temps, le roman ne s’adresse pas au même lectorat, donc c’est normal d’y voir une différence. Reste que ce fut une lecture plaisante, et je le conseille complètement à son lectorat cible.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

2 réflexions sur “L’arpenteuse de rêves, Estelle Faye

  1. Je suis tout à fait d’accord avec ce que tu en dis, et j’ai plus ou moins le même ressenti, sans les attentes que tu avais. Ce n’est pas mon préféré de l’autrice, mais comme toi j’ai passé un bon moment avec ce roman, qui aurait gagné effectivement à exploiter davantage les choses.
    Merci pour le lien au passage 🙂

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  2. Pingback: Index : Oeuvres francophones (MAJ 19/03/2023) | L'Imaginaerum de Symphonie

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