Manuel de survie du Sorcier Frugal dans l’Angleterre médiévale, Brandon Sanderson

Manuel de survie du Sorcier Frugal dans l’Angleterre médiévale

Auteur : Brandon Sanderson, Américain

One-Shot, Science Fantasy Isekai

VO : 2023

VF : 2023, Le Livre de Poche

Traduction : Sébastien Guillot

Illustrations : Steve Argyle

Diversité : ps d’origine chinoise, ps d’origine moyen-orientale

Un homme se réveille dans une clairière, amnésique, dans un pays qui ressemble énormément à l’Angleterre médiévale…
Qui est-il, d’où vient-il et pourquoi a-t-il atterri ici ? Mystère. Traqué par un groupe aussi étrange que puissant, il doit, s’il veut survivre, retrouver la mémoire. C’est son seul espoir. Même s’il faut pour cela s’allier à quelques autochtones, et adopter leurs croyances et leurs superstitions. Il existe bien un guide, intitulé Manuel de Survie du Sorcier Frugal dans l’Angleterre médiévale, qui pourrait l’aider, sauf que son unique exemplaire a explosé pendant le transfert. Et si les fragments qu’il a réussi à sauver sont autant d’indices, aura-t-il même le temps de les exploiter ?

Mon avis

Si le premier projet secret de Sanderson (aka Tress de la mer Emeraude) restait très proche de ce qu’il nous propose habituellement (Cosmere, système de magie développé), il s’en écarte pas mal avec ce deuxième projet secret. Il ne relève pas du tout du Cosmère, déjà, il est écrit à la première personne avec le point de vue d’un anti-héros, l’univers n’est pas très original et le système de magie pas très développé. De quoi dérouter éventuellement si vous connaissez ses romans.

Les plus mangavores (mangaphiles ? bref) d’entre vous savent peut-être ce qu’est un isekai, un sous-genre de l’Imaginaire qu’on a pas mal vu fleurir dans les mangas et anime ses dernières années, qu’on pourrait rapprocher de la Portal Fantasy. Il s’agit habituellement d’envoyer des personnages de notre époque dans un autre monde, réel ou artificiel, via un jeu vidéo, de la magie, une résurrection etc… (ou une armoire, oui).

Le manuel de survie, c’est exactement ça. Quelques décennies dans notre futur, les humains se sont vus doter d’un certain nombre d’améliorations. Il sont également capables d’atteindre d’autres dimensions, à condition d’y mettre le prix et de ne pas trop grimacer devant les petites lignes de leur contrat de voyage. D’ailleurs, dans la version collector que je possède (et je suppose que c’est pareil pour la version classique), on a pas mal d’extraits de ce fameux manuel de survie du Sorcier Frugal, interludes réguliers entre les chapitres de l’histoire. Le récit est donc un mixte de Science-fiction et de Fantasy, puisque ce nouveau monde que l’on découvre relève d’une Angleterre médiévale fantasy, même si le moyen pour y parvenir est « scientifique ».

Sauf que, ce fameux manuel, pour s’en servir, il faut déjà que 1/il ne soit pas inexplicablement brûlé ; 2/ qu’on sache qui l’on est et ce que l’on fabrique dans un monde inconnu. Car ce n’est justement pas le cas de notre protagoniste, dont le voyage s’est visiblement mal passé, au point de lui embrouiller la mémoire. C’est déjà très gênant, mais en plus, de vieux ennemis semblent avoir également fait le voyage, sans parler des problématiques propres à cet univers. Autant dire que le personnage, il est bien dans la mouise. Mais, hé ! c’est un héros, non ? Ben ça reste à voir. En tout cas, le perso, lui, il sait plus trop, c’est bien ça le soucis.

L’univers de ce roman, s’il est sympathique et maîtrisé, n’est pas foncièrement original (et on le sait, l’originalité, ce n’est pas ce qui fait l’intérêt d’un livre de toute façon). Le plus intéressant selon moi ici, ce sont les personnages et les thématiques qui sous-tendent leur parcours. Sans trop entrer dans les détails pour vous laisser le plaisir de la découverte, on y aborde notamment les questions du mérite, de la chance, de la façon dont l’extérieur peut influencer nos choix, nos réussites et nos échecs. (D’ailleurs, si la problématique vous intéresse, je vous renvoie au passage vers cette vidéo de la chaîne Linguisticae).

Sanderson s’est éclaté dans l’écriture, et ça se voit, peut-être aussi parce qu’il se savait libéré des contraintes du marché éditorial (si vous ne le savez pas, pour les 4 livres qui composent son « projet secret », Sanderson est passé par le crowdfunding et pas par son éditeur habituel). C’est drôle, c’est parfois un peu n’importe quoi, bref, c’est fun, ça ne se prend pas toujours au sérieux, et ça se lit tout seul.

Pour finir, un petit mot sur la version collector. Outre la couverture hard-back, on a des illustrations intérieures en couleurs, des illustrations en filigrane qui décorent certaines pages, et des couleurs pour les extraits du manuel de survie et quelques autres textes spécifiques.

Bilan

Brandon Sanderson a écrit avant tout ce roman pour le fun personnel, et ça se voit, puisqu’il est assez différent de ce qu’il nous propose d’habitude, tout en gardant la même maîtrise. L’univers a beau ne pas être très original, c’est fun, les personnages sont attachants, et on a quand même quelques thématiques intéressantes à travers leur parcours.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

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