Yumi et le peintre de cauchemars, Brandon Sanderson (Cosmère)

Auteur : Brandon Sanderson, Américain

Fantasy, One shot dans l’univers du Cosmere

2023, VO et VF ( Le Livre de Poche)

Traduction : Mélanie Fazi

Illustrations : Aliya Chen

Sur une planète baignée de lumière et écrasée par la chaleur, Yumi est une yoki-hijo, une prêtresse qui invoque les esprits pour venir en aide à son peuple. Dans une cité froide entourée de ténèbres perpétuelles, Peintre repousse chaque jour les manifestations physiques des cauchemars des habitants grâce à ses pinceaux. Tout les oppose, ils ignorent même jusqu’à l’existence du monde de l’autre. Pourtant, leurs destins vont littéralement s’entremêler le jour où ils commencent à échanger leur place à chaque réveil.
Parviendront-ils à mettre leurs différences de côté et à travailler ensemble afin de sauver leurs peuples d’un désastre imminent ?

Mon avis

Avec Yumi et le peintre des cauchemars, Sanderson signe son 3e projet secret parmi les 4 annoncés. Tress s’était révélé sympathique et proposait une revisite de Princess Bride dans le Cosmère (oui), Le Sorcier Frugal était un isekai en deçà de ses livres habituels (même si j’ai personnellement apprécié la lecture, j’admets volontiers qu’il est largement dispensable), et qu’en est-il alors de Yumi ?

Yumi présente deux points communs avec Tress : l’histoire s’intègre de nouveau dans le Cosmère, dans un coin que nous n’avions pas encore visité, et elle est racontée par l’inénarrable Hoid (qui n’est toutefois pas un personnage en tant que tel ici pour des raisons indépendantes de sa volonté). Mais les points communs s’arrêtent ici.

Yumi est une jeune yoki-hijo vivant dans la ville de Torio, d’inspiration Corée médiévale. Elle est une prêtresse capable de susciter les hijo (des esprits), afin qu’ils aident son peuple à survivre dans des conditions très difficiles, ceci grâce à un art très précis et presque mathématique, dans lequel les émotions et l’improvisation n’ont aucune place. Sa vie est entièrement tournée vers son devoir, lui imposant une rigueur extrême et l’impossibilité de choisir par elle-même, pour autant, elle est fière de ce qu’elle fait.

Nikaro/Peintre est un peintre des cauchemars, une profession essentielle mais pas très bien payée (toute ressemblance, toussa), vivant dans la ville de Kilahito, d’inspiration Japon moderne, cette fois. La vie de Nikaro est à l’opposée de celle de Yumi : son art en appelle aux émotions, mais il a perdu sa passion et vit une vie morne malgré le confort que lui offre sa société.

Bien évidemment, ces deux vies vont se retrouver chambouler et vont se mélanger, chacun devant apprendre de l’autre, que ce soit à un niveau artistique ou personnel. (C’est d’ailleurs l’une des rares vraies romances proposées par Sanderson).

Là comme ça, ça ne ressemble pas forcément à un Sanderson. D’ailleurs, l’auteur ne s’en cache pas, il tire ses inspirations dans des œuvres asiatiques, jeux vidéo et mangas et animes notamment (et un en particulier, mais il devrait vous sauter aux yeux à la lecture^^).

Mais je vous rassure, on est bien chez Sanderson. On est même tellement chez Sanderson qu’il y a des mentions au Cosmère de partout. Je pense toutefois que le livre est parfaitement compréhensible même si vous n’avez pas lu les autres œuvres du Cosmère (il y a une allusion à Elantris, et des notions surtout vues dans Roshar, y compris Eclat de l’Aube. Du coup, je suis bien contente de retrouver Mélanie Fazi à la trad’). Il y a bien sûr des détails que vous ne saisirez pas, mais ce n’est pas très important dans ce roman en particulier.

Et bien sûr, on retrouve un système de magie particulier, sur lequel je vais rester assez vague pour ne pas risquer de spoil. Du côté de Yumi, les personnages peuvent attirer des esprits grâce à l’art pour accomplir des tâches (et au passage, je suis triste d’écrire aussi lentement, parce que cette idée figure dans mes romans T_T), et chez Peintre, c’est un peu plus compliqué. On a d’abord les hions, une sorte d’énergie visible à l’œil nu qui se manifeste par des lignes duales bleu sarcelle et magenta, qui remplace notre électricité. Et les cauchemars, qui sont des créatures… ben… de cauchemar, que l’on peut combattre grâce à la peinture (je n’en dis pas plus).

Mais comme toujours, les personnages ne sont pas en reste, loin de là. L’univers et l’intrigue m’ont rappelé la structure d’un oignon, parce qu’il y a plusieurs couches thématiques qui se découvrent au fur et à mesure. L’intrigue est surtout là pour donner un squelette à l’histoire et surtout ç leur histoire, puisque pendant une bonne partie du roman, elle consiste surtout pour les personnages à essayer de comprendre ce qu’il se passe et à essayer de se mettre dans la peau l’un de l’autre. Ainsi, sans entrer dans les détails, le livre parle de différences de visions de l’art et de la pratique créative ((technique VS émotion), ce qui me parle vu que j’écris aussi), le libre arbitre et le devoir, la passion et la monotonie, la vision que l’on a de soi et celle que les autres ont de nous, la solitude et les difficultés relationnelles etc. Il y a même une thématique que je n’avais pas vu venir, et comme ça spoile, je la mets en blanc (vous pouvez surligner pour la lire [spoil]les intelligences artificielles dans l’art[/spoiler].

Pour finir, un petit mot sur la version collector puisque c’est celle que j’ai achetée : on retrouve la couverture cartonnée et les repères de couleurs habituels, et les illustrations signées Aliya Chen sont magnifiques et conviennent parfaitement à l’atmosphère du roman.

Bilan

Brandon Sanderson est l’un des auteurs dont j’achète les nouvelles sorties les yeux fermées, sans même me renseigner dessus avant. Du coup, j’ai eu plusieurs bonnes surprises avec celle-ci, puisque je pensais qu’il serait indépendant du Cosmère et que je ne m’attendais pas à ces inspirations japonaise et coréenne (et il se trouve que j’adore les mangas/anime et les K-Drama). On retrouve les univers fascinants dont nous a habitués l’auteur, mais le roman est plus intimiste que d’habitude, une atmosphère qui convient particulièrement aux personnages et aux thématiques, plus léger aussi, peut-être, ce qui n’est pas pour me déplaire, surtout en ce moment. En ce qui me concerne, c’est mon projet secret préféré pour le moment.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

12 réflexions sur “Yumi et le peintre de cauchemars, Brandon Sanderson (Cosmère)

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