Rêves de cendre, Mélanie Fazi

Rêves de Cendre

Autrice : Mélanie Fazi, Française

Fantastique, recueil de nouvelles (34)

2023, Bragelonne

Couverture : Mikaël Bourgouin

Une boutique de tatouage où l’on emploie des encres un peu spéciales. Une aire d’autoroute qui devient un refuge à la nuit tombée. Une villa qui palpite de vies enfuies. Un océan dont certains ne reviennent plus tout à fait humains. Un bal secret au cœur de l’hiver. Partez à la découverte des troubles secrets de l’âme, des lieux les plus hantés, de ces endroits les plus familiers qui dissimulent souvent des failles, écho des fêlures que l’on porte en soi. Mais attention : de ces voyages intimes et inquiétants, on ne rentre pas indemne, et il suffit de si peu, parfois, pour que tout bascule…

Depuis quelques années, Bragelonne propose la réédition d’ouvrages (éventuellement en intégrales) ayant fêté leurs 10 ans. Cette année, il y a eu entre autres la sortie de Rêves de cendre, regroupant 3 recueils de nouvelles de Mélanie Fazi : Serpentine (2008, pour l’édition Bragelonne), Notre-Dame-aux-Ecailles (2008) et Le Jardin des Silences (2014). Or, Mélanie Fazi est sans conteste l’une de mes autrices préférées, et il se trouve que j’avais offert mes exemplaires des recueils, donc j’avoue que j’étais ravie de cette sortie 🙂

Mon avis global

Bien que je ne sois pas férue de nouvelles (ma marotte, c’est la pavés et les beaucoulogies), Mélanie Fazi est incontestablement l’une de mes auteurices préféré’es. C’est également l’une des rares, j’ai l’impression, à encore écrire du vrai Fantastique (puisqu’à l’heure actuelle, quand un ouvrage est présenté comme Fantastique, c’est en réalité souvent de l’Uban Fantasy, c’est dommage. Mais bref). Et entre le parcours personnel de l’autrice et le mien, je comprends mieux depuis quelque temps pourquoi sa sensibilité et les thématiques qui lui sont chères résonnent autant avec moi.

Car Mélanie Fazi, c’est une plume ô combien fine et sensible, dans le sens empathique du terme, et même si le surnaturel s’immisce dans chacune de ses nouvelles, ce sont bien ses personnages qui sont mis à l’honneur. Des personnages plein de failles, troublés, dangereux parfois, au bord du gouffre aussi, mais toujours empreints d’une honnêteté qui nous les rend compréhensibles et crédibles, quand bien même leurs drames seraient à mille lieux des nôtres.

Ses nouvelles ne font jamais peur, son Fantastique ne flirte ni avec l’épouvante, ni avec l’horreur. Je dois quand même vous avertir que certaines des thématiques abordées (en subtilité, toujours) sont assez graves, donc n’hésitez pas à demander s’il y en a certaines que vous souhaitez/devez éviter. Les nouvelles sont très différentes les unes des autres, que ce soit dans leur ambiance, leur « mythologie », leurs idées ou leurs façons de les traiter, même si on observe une toile de fond.

Sans surprise, les nouvelles que j’ai le plus aimées, qui m’ont le plus marquée, sont celles qui raisonnent avec mon histoire personnelle. Parfois, ça fait du bien de lire des mots qu’on n’aurait jamais réussi à écrire aussi bien nous-mêmes.

Rêves de cendre propose donc pas moins de 34 nouvelles, essentiellement relevant du Fantastique, mais aussi quelques unes de Fantasy. Je ne vais pas donner mon avis sur les 34 ( ce sera un peu long et pas très intéressant…), j’ai donc décidé de sélectionner 10 des nouvelles parmi celles que j’ai le plus plus aimées, en essayant de les répartir équitablement entre les 3 recueils. J’avais déjà donné mon avis sur les 10 nouvelles du recueil Serpentine, mais je vais quand même vous en parler, sans relire mon ancienne chronique avant. Comme ça, on verra bien si mon ressenti a changé ou pas 😉 (Il n’y a pas de top, c’est juste leur ordre chronologique dans le présent ouvrage).

Petit indice sur ma nouvelle préférée

Recueil Serpentine

  • Elégie

Je n’ai pas d’enfant, je n’en aurai pas, mais que ce drame est poignant ! L’autrice arrive parfaitement à retranscrire le désespoir et l’amour de cette mère dont on a ravi les enfants, son espoir aussi, qu’on n’a aucun mal à comprendre tant ses émotions sont vivaces et réalistes.

  • Rêves de cendre

Je suis particulièrement contente que ce soit cette nouvelle, parmi les 34, qui donne son titre à l’intégrale, parce que c’est à la fois l’une (voire la première) de mes nouvelles préférées, mais aussi l’une de celles qui me parle le plus d’un point de vue personnel. Si cela peut vous rassurer, je ne suis pas arrivée aux mêmes « extrémités » que la protagoniste pour découvrir mon être véritable, mais dans cette quête vers son identité véritable, vers ce qu’il se cache sous la peau/sous le masque, je ne peux pas m’empêcher de faire un parallèle avec mon parcours personnel ou le parcours de certains de mes proches. Et puis, à côté de ça, je la trouve à la fois très belle et tragique.

  • Mémoire des herbes aromatiques

Ayant un intérêt particulier pour les créatures de l’Imaginaire, je me suis évidemment intéressée aux mythologies et folklores, et il se trouve que la mythologie grecque… me laisse un peu indifférente en dehors de ses créatures. Et justement, cette nouvelle – très intimiste puisque essentiellement narrée à la 2e personne, Circée s’adressant à Ulysse – propose un autre regard sur un épisode fameux de l’Odyssée. Une nouvelle également très sensorielle, puisqu’elle donne la part belles aux odeurs et aux goûts, via la cuisine, deux sens qui sont facilement oubliés dans l’écriture, j’ai l’impression.

Recueil Notre-Dame-aux-Ecailles

  • En forme de dragon

Ce n’est pas un secret, l’autrice a une grande relation avec la musique, et cela se ressent à plusieurs reprises dans le recueil. Cette nouvelle-ci m’a particulièrement parlé par rapport au lien entre la musique et la création : combien de scènes de mes romans sont directement liées aux émotions véhiculées par une chanson ? Combien de fois ai-je imaginé mes créatures évoluer dans les airs au rythme d’une musique épique ou mélancolique ? Une nouvelle somme toute assez simple, mais qui a bien résonné en moi.

  • Le train de nuit

Sans surprise, la plupart de mes nouvelles préférées sont celles qui trouvent un écho dans mon histoire personnelle, mais vu le sujet, je ne vais pas m’appesantir dessus. La thématique de celle-ci est assez dure, même si elle se termine sur une certaine note de lumière.

  • Villa Rosalie

Pas de personnages torturés dans cette nouvelle, puisqu’on va juste découvrir la fameuse villa Rosalie. Alors, vous vous doutez bien que ce n’est pas une demeure ordinaire, sinon ce ne serait pas drôle, elle s’avère à la fois fascinante et un peu glauque sur les bords, mais j’ai beaucoup aimé l’idée 🙂

  • Notre-Dame-aux-Ecailles

Celle-ci aussi, a résonné de plusieurs façons, quoi que de façon un peu plus lointaine. Là encore, le sujet est dur, mais j’ai trouvé le traitement très doux en dépit de sa tristesse, sans misérabilisme ni atténuation.

Recueil Le Jardin des Silences

  • L’arbre et les corneilles

Un petit conte tout doux sur les transmissions intra-familiales et les fêtes de Noël. Rien de spécial à dire dessus, sinon que la douceur, ça fait du bien aussi 🙂

  • Les Soeurs de la Tarasque

Je ne me souviens plus ce que j’en avais pensé à l’époque (ma première lecture remonte !), mais cette nouvelle est très intéressante à (re) découvrir avec l’éclairage apporté par Nous qui n’existons pas. Au-delà de la mythologie qu’elle introduit et qui donnerait envie d’en découvrir plus, la thématique n’est pas forcément celle qu’on pourrait penser de prime abord : elle me rappelle un peu ces adolescent(e)s qui crushent sur des personnalités, et celleux, comme moi, que cette « normalité » rendait perplexe.

  • Un bal d’hiver

Une autre histoire assez douce, même si la thématique l’est moins puisque cette nouvelle traite principalement du deuil.

  • Trois renards

Cette nouvelle fait partie de mes préférées, et il serait assez difficile de vous expliquer pourquoi, sinon qu’elle résonne là aussi d’une façon personnelle à différents niveaux, mais aussi, comme pour En forme de dragon, avec ma propre écriture et mes romans.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

Une réflexion sur “Rêves de cendre, Mélanie Fazi

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