Le Livre des Martyrs T2 : Les portes de la Maison des Morts, Steven Erikson (Leha)

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Les Portes de la Maison des Morts est le deuxième tome du Livre des Martyrs de l’auteur Canadien Steven Erikson. Paru en 2000 en VO, il a connu une première traduction en 2008 (il a alors été scindé en deux). Après l’abandon de traduction du cycle, il est ressorti en 2018 aux éditions Leha, en un seul tenant. Et c’est sur cette édition que se base cette chronique.

Félisine, la plus jeune fille de la Maison Paran, tombée en disgrâce, rêve de vengeance dans les mines d’Otataral. Pendant ce temps, le sapeur Violain et l’assassin Kalam, deux Brûleurs de Ponts devenus hors-la-loi, se sont fixé comme mission de ramener la jeune Apsalar chez elle et, ce faisant, de confronter l’Impératrice Laseen. Tandis qu’à Hissar, Coltaine, commandant de la 7ème Armée de Malaz, s’apprête à lancer ses fidèles Wickiens et ses troupes dans une ultime bataille pour sauver les populations jetées sur les routes par le chaos de la rébellion.

C’est ce moment que choisissent deux vagabonds séculaires pour revenir : Mappo le Trell et son compagnon Icarium de demi-sang Jaghut, porteurs d’un secret dévastateur qui menace de rompre ses chaînes à tout instant…

L’univers

High Fantasy ? Dark Fantasy ? Peut-être quelque chose entre les deux, même si ce deuxième tome est quand même assez sombre, et nous embarque dans la boue, le sang et les larmes. (Je ne le dirai jamais assez, mais la Fantasy n’est définitivement pas un genre exclusivement pour enfants…). Mais je crois que le terme qui le définit encore le mieux… c’est épique.

La magie commence un peu à se dévoiler, même si son fonctionnement reste encore mystérieux. Ce tome donne également la part belle aux Solipris et aux D’ivers, de redoutables changeurs de forme tout juste entrevus à la fin du Tome 1 (enfin… le Solipris en question prenait beaucoup de place, mais on ne savait pas exactement ce qui se passait). Les Solipris, qui peuvent prendre la forme d’un unique animal, sont déjà particulièrement dangereux. Maintenant, imaginez un être capable de se transformer en plusieurs créatures en même temps ! On en apprend aussi un peu plus sur les Maisons Azath, dont on avait pu percevoir la puissance à la fin du T1.

L’univers aussi, commence à se dévoiler. S’il apparaissait déjà riche et complexe dans le 1er tome, on comprend avec celui-ci qu’il l’est encore plus. Le 1er tome se déroulait sur le continent de Genabackis, tandis que celui-ci nous emporte sur Sept-Cités à travers des atmosphères très différentes (du très sec au très humide…). On comprend également que l’intrigue a en réalité commencé bien, bien longtemps avant les évènements qui se produisent sous nos yeux.

Que ce soit l’histoire, la politique, les différentes races et cultures… cet univers est déjà très riche, et seule une partie nous est pour le moment accessible.

 

Les personnages

Riche, le panel de personnages l’est aussi. Vous pensiez qu’il y en avait déjà beaucoup dans le T1 ? Héhé. Si le tome 2 en récupère une partie, la grande majorité sont des petits nouveaux que vous allez devoir apprendre à connaître, et ces nouveaux sont tout aussi attachants que les anciens (que l’on retrouvera dans le T3, pas d’inquiétude). Ce qui est appréciable, c’est qu’il n’y a pas de « méchant » (en terme d’ensemble, je veux dire). Comme on suit différents côtés du conflit, il devient difficile de prendre partie pour l’un ou l’autre des partis, surtout qu’on commence à entrevoir certaines motivations derrière les évènements du T1.

Donc clairement, je ne vais pas parler de tout le monde, uniquement des principaux points de vue. Mais gardez quand même à l’oeil les personnages qui vous semblent secondaires, ils sont peut-être plus importants que vous ne le pensez (et à la fin du livre, vous devriez avoir envie d’en trucider certains^^).

Chez les anciens, nous retrouvons quelques Brûleurs de Pont, à commencer par l’assassin Kalam, qui se voit accorder beaucoup plus d’importance dans ce tome. Nous retrouvons aussi Violain, Crokus et Apsalar (nouveau nom de Mes regrets).

Coltaine est un guerrier Wickien envoyé par l’Impératrice Laseen pour prendre le commandement de la 7e de l’armée Malazéenne. Un homme charismatique quoique pas très bavard, guerrier d’exception et avec un sens du devoir remarquable. Il sera suivi de Duiker, un Historien chargé de consigner ses exploits, et ancien soldat, ainsi que de plusieurs « enfants-sorciers », aussi redoutables qu’attachants.

Félisine est la petite soeur de Ganoes Paran, mais aussi de Tavore, la nouvelle adjointe de l’Impératrice. Adjointe qui l’a envoyée sans sourciller rejoindre les rangs d’esclaves des mines d’otataral, où elle devra survivre quoiqu’il lui en coûte. Autant dire que la jeune fille ne respire pas la joie de vivre, et qu’elle est même sacrément tête à claques par certains moments (ce qui ne m’empêche pas de l’apprécier quand même^^). Elle est accompagnée de Baudin, un assassin qui est peut-être plus que ce qu’il semble être, et Heboric, un Historien dépourvu de mains, vieil ami de Duiker, et ancien Grand Prêtre du dieu Fener.

Enfin, le duo Mappo/Icarium, dont l’amitié mêlée de chagrin est particulièrement touchante. Derrière leur allure de guerriers, ils sont peut-être les personnages les plus attachants de ce tome.

Pour je ne sais quelle raison, j’aime beaucoup Apt, une démone de l’Ombre à l’allure particulièrement étrange^^

 

Les intrigues

Contrairement au tome 1, toutes les sous-intrigues ne convergent pas forcément dans ce tome. Certaines sont plus prenantes que d’autres… ce qui est tout relatif.

Contexte : En réponse à la domination malazéenne, la Sha’ik a libéré le Tourbillon, maeltrom divin qui menace de tout ravager sur son passage. En parallèle, les Solipris et les D’ivers suivent la Voie des Mains, censée les mener jusqu’à une Porte qui conduira le vainqueur jusqu’à l’Ascendance, lui assurant la domination sur tous les Changeurs de forme (et un sacré pétrin pour les autres). Comme ils cheminent par les Garennes, leur utilisation devient plus dangereuse qu’autre chose.

Autrement dit, c’est un beau bordel sur le continent, ou chaque pas risque de vous mener à la mort^^

Arc Coltaine :

Coltaine, chef Wickien autrefois guerrier de l’Empire, se voit confier le commandement de la 7e de l’Armée Malazéenne, dans la ville d’Hissar sur le continent des Sept-Cités. Or, malgré tout le talent de ses guerriers, il doit bientôt ordonner la retraite, alourdi de milliers de réfugiés, nobles comme paysans, qu’il doit mener en sécurité à Aren. Outre les difficultés de la route, il va devoir composer avec les tensions internes…

Arc Violain, Kalam et compagnie :

Violain, Crokus et Kalam ont quitté les Brûleurs de Pont pour ramener Apsalar chez elle, où elle retrouvera son ancienne vie de pêcheuse. Pas très facile, avec tous les Changeurs de forme qui traînent. Surtout que Kalam décide rapidement de cheminer seul afin de venger ses camarades en assassinant l’Impératrice…

Arc Félisine

Après avoir été envoyée dans les mines pour servir d’esclave, l’adolescente est obligée de vendre son corps pour survivre (et obtenir quelques faveurs au passage). Par chance, elle rencontrera Héboric, dont l’ancien ami Duiker a organisé l’évasion. Mais ce qui les attend au-delà des mines n’est pas forcément mieux… (déjà, y’a des mouches… berk !)

Arc Mappo et Icarium :

Icarium, un demi-Jaghut, ne se souvient pas de son passé, aussi erre-t-il depuis une éternité avec son ami Mappo, afin de retrouver quelques brides de mémoire. Dans leur quête, ils vont tomber sur un temple de l’Ombre et son étrange prêtre, avant de se retrouver mêlés aux évènements en cours.

Si les intrigues sont toutes très prenantes, l’Arc de Félisine pourra faire un peu grincer des dents en raison du caractère de la protagoniste.

Mais il y a quand même un bémol, avec plusieurs Deus Ex Machina bien voyants. Ce qui est dommage, vu la qualité du livre par ailleurs.

 

Style

Encore une fois, la traduction est d’excellente qualité, malgré des coquilles (mais bon, vu la taille du machin, le contraire aurait presque été étonnant). La traduction des noms est très bien passée, et pour ma part j’ai adopté leur version française sans problème.

Malgré la richesse de l’univers, ce deuxième tome est beaucoup plus accessible, moins « fouilli » en dépit de tous ces points de vue qui s’entremêlent. Les intrigues sont beaucoup plus faciles à suivre.

Les scènes de bataille et de tension sont particulièrement réussies, et les 100 dernières pages sont… disons que vous ne pourrez pas lâcher le livre avant de les avoir finies^^

 

Bilan

J’ai vraiment adoré me replonger dans cet univers, adoré retrouver tous ces personnages. Ce tome est épique, foisonnant, mieux maîtrisé que le premier, avec de vrais moments forts. Puis ce qui est bien avec ce genre de livres, c’est qu’ils sont comme des oignons : on peut les lire et les relire qu’on découvre encore d’autres choses…^^

Pour conclure : vivement Memories of Ice, où l’on retrouvera les personnages qu’on a laissé à la fin du tome 1. Quant à ceux du tome 2, on leur donne rendez-vous pour le T4, House of Chains^^

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

20 réflexions sur “Le Livre des Martyrs T2 : Les portes de la Maison des Morts, Steven Erikson (Leha)

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  6. Moi, j’aimais bien l’aspect un peu bordélique du tome 1 : on sautait toujours d’une intrigue à une autre, sans jamais avoir le temps de s’ennuyer. Mais tu as raison de dire que les 100 dernières pages sont difficile à décrocher, car moi qui y arrive, je sens que ça commence à chauffer.
    Par contre au niveau des coquilles, d’accord que je ne m’attendais pas à un sans-faute, mais même pour un beau pavé comme celui-ci le nombre reste… ASTRONOMIQUE !!!

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    • J’avoue que j’étais trop dedans pour vraiment faire gaffe aux coquilles^^ C’est vrai que sur le t1, il valait mieux rester attentif, mais au moins, c’est sûr que le lecteur ne s’ennuie pas. Et effectivement, si tu arrives au bout, je pense que c’est vraiment le meilleur segment de ce deuxième tome 😀

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