Le Livre des Martyrs T4 : La Maison des Chaînes, Steven Erikson

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La Maison des Chaînes est le 4e tome (sur 10) du cycle de Dark Fantasy le Livre des Martyrs, de l’auteur américain Steven Erikson. Paru en VO en 2003, il a été publié en français par les éditions Leha en 2019.

Au nord de Genabackis, un groupe d’incursion mené par trois guerriers teblors descend de la montagne dans le but de ravager les plaines méridionales occupées par les basse-terriens qu’ils honnissent. Pour le dénommé Karsa Orlong, ce raid marquera le début d’une extraordinaire destinée.
Quelques années plus tard, Tavore, la nouvelle Adjointe de l’Impératrice, débarque dans le dernier bastion de Sept-Cités encore aux mains des Malazéens après les événements dramatiques de la Chaîne des Chiens. Nouvelle à son poste de commandement, elle devra aguerrir douze mille soldats fraîchement recrutés pour la plupart — à l’exception d’une poignée de vétérans ayant survécu à la légendaire marche de Coltaine — afin de former une armée capable de renverser les hordes de l’Apocalypse qui se terrent au coeur du Saint-Désert.
Tandis que les Grands Prêtres et les généraux de Sha’ik se livrent à une lutte de pouvoir qui menace l’âme même de la Rébellion, d’obscures forces se rassemblent autour de Raraku et de son mystérieux Tourbillon. Dans le Naissant, Onrack, un T’lan Imass perdu, libère de ses fers le Tiste Edur Trull Sengar, abandonné et banni par ses semblables ; tous deux vont dès lors se lancer dans une longue odyssée pour rejoindre leur domaine d’origine. Sur Avalii la dérivante, une sanglante confrontation ravive les inimitiés qui règnent entre les trois garennes primordiales, forçant Ammanas et Cotillon à sortir de leur réserve. Et au cœur de Kurald Thyrllan, les Tistes Liosan sont aux abois : Osric, leur dieu, a disparu, et personne ne semble savoir où il est.
Un terreau propice à l’avènement de la Maison des Chaînes du Dieu Estropié qui, en secret, poursuit son inquiétant recrutement…

Après avoir passé près de 3000 pages dans l’univers des Martyrs, on aurait pu s’attendre à bien le connaître. Héhé. Vous l’avez compris, il y encore des choses à découvrir 🙂

 

Karsa Orlong

Parlons donc tout d’abord d’un nouveau personnage, Karsa Orlong, guerrier du peuple des Teblors. Son histoire commence avant les événements que nous connaissons, et son introduction occupe à elle seule près de 250 pages du livre. Ce qui pourra peut-être vous désarçonner, puisqu’il faut attendre un moment comment son arc se rattache à l’histoire en cours.

Le peuple des Teblors vit en marge du monde et n’a pas son pareil pour massacrer et violer à tour de bras. Il faut dire qu’ils vénèrent la force presque autant que leurs dieux, les Sept Visages dans la Pierre, lesquels pourraient être davantage que des visages, d’ailleurs. Accompagné par deux autres guerriers, Karsa se lance dans une campagne contre les habitants des basse-terres, bien décidé à leur montrer la suprématie des Teblors. Mais évidemment, il se précipite devant de graves désillusions, ce qui va conduire ce fort peu sympathique guerrier à évoluer et changer sa vision du monde. Mais s’il veut gagner sa rédemption, il va devoir se débarrasser des Chaînes qui l’entravent.

Comme je le disais, l’intrigue de Karsa est particulière. Le personnage est très sombre, malsain, violent, orgueilleux comme pas possible, violeur, tueur, ce qui ferait de lui davantage un méchant qu’un héros. Et pourtant… Pourtant, curieusement, on finit par s’attacher à lui tandis qu’il comprend que lui et son peuple se sont fait manipuler depuis le début, et que le monde ne ressemble pas à l’imagine qu’il s’en faisait.

 

Raraku VS les Malazéens

Cette fois, ça y est, les Malazéens sont sur le point d’attaquer l’armée de Shaïk dans le désert de Raraku. Enfin, ce qui l’en reste. Car après les événements des deux tomes précédents, Tavore a surtout des jeunes recrues à opposer à l’armée du Tourbillon, et ceux qui ont survécu ne sont pas en très bonne condition physique et surtout psychologique.

Mais bon, de son côté, l’armée de la Sha’ïk n’est pas au top non plus, car des dissensions se créent et l’ancienne identité de la Sha’ïk pourrait bien poser problème pour l’affrontement contre Tavore, puisqu’il s’agit de Félisin, la soeur de cette dernière, qu’elle avait envoyé en esclavage aux mines d’Othataral.

Il y a pas mal de longueurs dans cette partie (essentiellement dues aux doutes intérieurs des protagonistes), mais en même temps, cela participe à la monté en tension. Difficile de savoir ce qui va en découler, difficile de savoir qui on veut voir gagner. Il n’y a pas de cohésion dans l’entourage de Sha’ïk vu que tout le monde fait ses petits trucs dans son coin, et on sent bien qu’il y a des choses pas claires qui se trament dans l’ombre.

Car maintenant que le Dieu Estropié s’est décidé à entrer dans la partie, il a disposé ses pions et est prêt à les faire danser dans ses Chaînes.

 

Avalii la Dérivante

 

Ainsi que vont le découvrir nos amis Crokus et Apsalar, Avalii la Dérivante est une île (mais nous l’avions brièvement visitée dans le tome 3), une île qu’ils vont devoir protéger car elle abrite quelque chose de particulièrement convoité, qui va contraindre Ombretrône à revenir dans le jeu.

Pas l’arc le plus passionnant, même si la relation entre Crokus et Apsalar est intéressante (et un peu tragique, quelque part, en raison de la dualité des deux persos).

 

Les Edur et les Liosan

 

Dans la famille des Tiste, on connaissait surtout les Andii, avec leur charismatique seigneur Anomander Rake. On avait aussi déjà un peu entendu parler des Edur dans le tome 3, les annonçant comme une nouvelle menace. D’ailleurs, Crokus et Apsalar vont avoir l’occasion de les voir de plus près puisqu’ils revendiquent ce qui se trouve sur Avalii et qui était sous la protection d’Anomander. On va aussi faire la connaissance d’un de leurs membres, Trull Sengar, et de son histoire tragique.

Mais on va également faire la connaissance des Liosan, qui ressemblent beaucoup aux elfes à la Tolkien, la bienveillance en moins, et une dose de condescendance en plus. Les Liosan sont à la recherche de leur Dieu Osric qui a disparu.

 

Ce qui est intéressant avec ces arcs, c’est qu’on continue à percevoir l’étendue monstrueuse de cet univers. Des événements qui se sont déroulés plusieurs millénaires auparavant ont un impact sur les événements actuels, avec des relations entre personnages et entre peuples pas toujours évidentes, mais fascinantes.

 

Bilan

On commence à être habitués, mais la fin de ce tome offre encore un grand moment, à la fois épique et tragique. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? L’univers est sombre, on ne voit pas toujours comment les personnages pourront s’en sortir, mais heureusement, quelques touches d’humour et d’émotion sont là pour apporter un peu de lumière. La profondeur de l’univers a de quoi donner le vertige, complexe, fascinant et « énorme » tant il se déploie dans le temps et l’espace, et il n’a pas fini de dévoiler tous ses secrets. Et au delà, des personnages finalement très humains, bourrés de défauts mais qui essaient de faire de leur mieux, qui essaient de s’améliorer et de survivre aux dieux qui les entraînent dans leurs danses.

 

Note : ce tome est le dernier que j’ai lu en VO, donc à partir du prochain, je ne sais pas ce qui se passe \o/

 

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

 

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