Le Livre des Martyrs T8 : La rançon des Molosses, Steven Erikson

Le Livre des Martyrs : T8/10, Epique Dark Fantasy

Auteur : Steven Erikson, Canadien

Publication originale : 2008

Publication française : 2022, Editions Leha

Traducteur : Nicholas Merrien

Illustrateur : Marc Simonetti

TW : si vous êtes arrivés là, vous le savez déjà, mais mentions de viols, blessures et morts violentes

Chroniques précédentes : T1 – T2 – T3 – T4 – T5 – T6T7 Présentation du cycle

Darujhistan, quelques années après les événements entourant les Jardins de la Lune et les Souvenirs de la Glace, le fantasque Kruppe narre les nouvelles aventures de quantité de personnages abordés lors des précédents tomes alors qu’une campagne d’assassinats vise d’anciens Brûleurs de Ponts ; personne ne sait pourquoi ni pour le compte de qui. C’est le moment que choisit Couteaux pour revenir dans la ville de son enfance, accompagné de Scillara, Barathol, Chaur ainsi qu’Iskaral Pust et Mogora mais aussi Rancoeur qui a bien l’intention de rendre une visite à sa folle de soeur. Couteaux lui-même renoue avec ses anciens amis de l’Auberge du Phénix, pour retrouver un Murillio laissé pour mort dans le jardin d’une amante et Rallick Nom, tout juste sorti de la Maison Azathe, auquel il s’en prend sans le reconnaître. Grognard, quant à lui, tente de convaincre Pierrie Menackis d’accorder plus d’importance à son fils Harllo conçu lors d’un viol au cours du siège de Capustan. La Guilde Commerciale de Trygalle fait une entrée fracassante en ville. Plus loin au sud, une sombre menace apparaît, un certain Dieu Mourant qui menace de faire basculer ses fidèles dans l’anéantissement tout en cherchant à subjuguer le Rédempteur, ce nouveau dieu enterré dans un tumulus à l’extérieur de Corail la Noire et que l’on connaissait sous le nom d’Itkovian des Epées Grises. Toute la petite troupe de Nimander Gollit, menée par un Davier revanchard, va se retrouver mêlée à cette sombre menace sur l’ancien territoire du Domin de Pannion. Mais en souterrain, un drame autrement plus grave se joue : le chariot de Dragnipur ne peut plus avancer, faute de bras suffisants pour le tirer. Anomander Rake va ainsi devoir résoudre un insoluble problème s’il veut empêcher le chaos d’engloutir la Porte de Kurald Galain…

Mon avis

La Rançon des Molosses est construit de la même manière que d’habitude, avec une alternance de points de vue et d’arcs narratifs qui finiront par se croiser, même si on ne comprend pas tout de suite où l’auteur nous emmène. Il y a peu de nouveaux personnages importants dans ce tome, on en a déjà rencontré un certain nombre, mais il faudra faire appel à votre mémoire (où au wiki) pour vous souvenir dans quelles circonstances vous avez croisé tout ce petit monde (parce que pour certains, ça faisait un moment qu’on ne les avait pas vus). Je ne vais pas vous dire grand-chose sur les intrigues, puisque le résumé en dit déjà beaucoup. Sachez juste que le tome est plus ou moins la suite des tomes 1 et 3, et qu’on récupère le fil narratif de certains personnages que nous avions laissés derrière nous depuis.

Une fois n’est pas coutume, et puisque nous sommes de retour à Darujhistan, notre cher ami Kruppe nous fera le plaisir de régulièrement nous accompagner. Certains passages seront en effet directement narrés par Kruppe, donnant l’air de s’adresser aux lecteurices, donnant lieu à de très belles réflexions. Je pense à un passage en particulier, à propos de l’enfance, de la créativité, et de la cruauté de la société qui poussent les enfants vers la productivité « utile » au détriment de l’imaginaire, et qui m’a particulièrement marquée.

D’ailleurs, ce tome incite particulièrement à la réflexion, sur des thèmes aussi variés que la société, le capitalisme, les privilèges et les discriminations, le déclin des civilisations, les liens familiaux, les conséquences de la guerre etc, au détour d’une phrase, d’un dialogue, ou d’un événement… ou d’une plongée dans l’Histoire passée de cet univers. Ce tome est ainsi plus introspectif que d’habitude, avec ces personnages fatigués, plus ou moins brisés, qui essaient de prendre un nouveau départ ou au moins de continuer malgré tout. Mais encore plus que ces thèmes fugaces, il y a ceux qui imprègnent complètement la moelle de ce roman, rédigé dans des circonstances particulières puisque l’auteur venait juste de perdre son père. Le ton est ainsi particulièrement mélancolique, ce qui convient bien aux thèmes principaux donc : la mort, les regrets, la rédemption, les prix qu’il nous faut parfois payer. Une tonalité profonde qui ne conviendra pas forcément à tout le monde, il faut bien l’avouer. Heureusement, pour alléger tout ça, il y a aussi des pointes d’humour, et surtout de l’espoir, avec la confiance et la foi, même s’il est parfois dur de les trouver.

Mais rassurez-vous ! Si vous êtes venus pour la baston, il y en a aussi ! Avec un dernier livre épique qui compte à mes yeux comme l’un de ses meilleurs climax, et c’est vraiment frustrant pour moi de ne pas pouvoir vous en dire plus 😥 A noter également la confrontation (enfin !) entre deux fameux personnages 😉

Quoi qu’il en soit, les évènements de ce tome auront forcément un impact sur les deux derniers, d’autant que les dieux semblent décidés à entrer en guerre contre le Dieu Estropié. Au passage, les dieux ça pousse comme des champignons, avec deux « petits » nouveaux le Dieu Mourant (dont je n’aurais jamais deviné la véritable identité sans le wiki, je dois bien l’avouer) et le Rédempteur. Mais à côté des dieux, comme toujours, nous avons surtout de « simples » gens, qui aspireraient parfois à une vie tranquille mais qui se retrouvent rattrapés par leurs anciennes actions ou l’irrémédiable de leurs évolutions. Et, alors qu’on sait que certains personnages ne verront pas la suite, c’est toujours une déchirure quand on doit dire au revoir à l’un d’eux…

Bilan

A chaque nouveau tome, je me dis que Erikson n’a pas pu faire aussi bien que les tomes précédents, que ce sera LE tome que je n’apprécierai pas. Et il se trouve que… ce n’est pas du tout ce tome-ci, puisque la Rançon des Molosses est probablement l’un de mes livres préférés du cycle des Martyrs. Plus introspectif et dramatique que d’habitude, avec une exploration profonde de ses thématiques, mais au final épique comme Erikson a le secret, avec des personnages toujours aussi charismatiques et/ou attachants, dont on a du mal à se séparer une fois la dernière page tournée.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

9 réflexions sur “Le Livre des Martyrs T8 : La rançon des Molosses, Steven Erikson

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